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13 mars 2019

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Méthodologie
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HISTOIRE LITTERAIRE - Courants et écoles littéraires (très complet)

L’histoire littéraire revêt une triple visée : historique, sociologique et critique.

Historique : contextualisation de l’œuvre littéraire (climat culturel, milieu politique, social et économique.  Elle établit une relation entre l’œuvre et l’événement, entre l’auteur et les accidents de sa vie. Tente de rapprocher entre elles des œuvres de sensibilité ou d’inspiration voisines, d’établir des liens pour dégager des tendances et des courants.

Sociologique : s’attache à observer la vie humaine inscrite dans les formes littéraires (Lanson), étudie le rapport de l’écrivain à son œuvre : conditions de publication, de rédaction, écho dans le public, vie sociale de l’auteur, vie culturelle du livre

Critique :  regard critique et personnel sur les œuvres, jugement axiologique 

L’histoire littéraire et les « écoles »

-       Un classement séculaire qui ne respecte pas toujours les dates exactes :

o   Fin du XVIIè : mort de Louis XIV

o   Début du XXè : 1914 : premier conflit mondial

 

-       Les mouvements et écoles : regroupement par affinités historiques et/ou esthétiques – difficultés dans la délimitation exacte du mouvement, articulation sur l’histoire, simultanéité et interdépendance  des écoles ou des courants  -  difficulté à regrouper certains auteurs (Guez de Balzac, Honoré d’Urfé)

La notion d’ « école littéraire »

·       La question de la dénomination :  école (personnes qui ont la même doctrine) ou courant (mouvement : action collective tendant à produire un changement d’idées, d’opinions ou d’organisation sociale )

·       Les critères de classement : 5 critères

o   Une contiguïté chronologique : période délimitée par des dates repères constituées d’événements historiques ou artistiques (Romantisme : entre René 1802 et l’échec des Burgraves 1843)

o   Une convergence d’inspiration et de forme : concertation ou coïncidence mais similitudes perceptibles entre les diverses productions (Nouveau Roman : refus de l’intrigue traditionnelle, dissolution du personnage et de sa psychologie, invention d’une forme nouvelle reposant sur une objectivité froidement descriptive, soubassement mythologique diffus) « lois » qui authentifient le mvt

o   Une élaboration théorique et conceptuelle :  volonté théoricienne, élaboration de textes fondateurs afin de clarifier des intentions (Préface de Cromwell, Manifeste du Surréalisme)

o   Un chef emblématique : incarnation du mvt dans une figure charismatique (Ronsard La Pléiade, Zola Naturalisme)

o   Un lieu de rencontre : conjonction fréquente dans l’espace géographique ou sociologique (cénacle, salon)

·        Les passages obligés :

o   L’approche historique : description de la vie interne du mvt ainsi que les rapports avec l’environnement politique, social et culturel (naissance, développement ou apogée, déclin) ; établissement de subdivisions

o   L’approche esthétique : recherche des règles esthétiques dominantes de l’école à l’aide de l’appareil théorique fourni par les membres de l’école

·       La délimitation du corpus :  respect de l’ordre chronologique, recensement des grands mouvements et des constellations hésitantes

 

LE XVIème siècle

LA PLEIADE

-       Naissance du mvt : 1549 date de la parution de Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay (1539 ordonnance de Villers Coterêt

-       Les sources :

o    l’Ecole Lyonnaise : se développe à Lyon à partir de 1530 un foyer actif de poésie autour de Maurice Scève, disciple et continuateur de Pétrarque, auteur de Délie, favorise la poésie féminine Louise Labé. (plusieurs amis de Scève deviendront des compagnons de la Pléiade comme Pontus de Tyard)

o   Les modèles antiques et étrangers : dvlpt contemporain de l’Humanisme – volonté de plonger ses racines dans les modèles grecs et latins : traduction par Dorat, instruit Ronsard sur Homère, Virgile, Horale, traduction de l’Ars poetica d’Horace - //t influence italienne favorisée par les campagnes de François 1er, envie d’imiter l’Arioste, Pétrarque, Boccace

-       La constitution du groupe : rassemblement autour de l’helléniste Jean Dorat (1508 1588) au collège de Coqueret à Paris sur la montagne Ste Geneviève – chefs de file Ronsard, Du Bellay, Baïf créent la Brigade vers 1546 puis la rebaptise « Pléïade » en hommage aux 7 poètes d’Alexandrie qui avaient pris ce nom. (Ronsard, Du Bellay, Pontus de Tyard, Baïf, Pelletier du Mans, Belleau, Jodelle)

-       Veulent créer une poésie authentique, unis autour d’un idéal artistique et humain commun pendant un demi siècle

-       Les principes esthétiques :  élaboration d’un manifeste Défense et illustration de la langue française autour de 2 axes : la langue française et les exigences de la poésie

-       La langue française mérite d’être défendue car elle est victime de la tutelle du latin, il faut l’imposer dans les œuvres nouvelles et l’enrichir par un élargissement du lexique et de la rhétorique

-       La poésie nouvelle pourra rivaliser avec celle de l’Antiquité en renonçant à la traduction pour lui préférer l’imitation des Anciens et en travaillant davantage.

-       Les théories littéraires :

o   La dignité du poète : c’est le porte parole des dieux, investi d’une mission élevée et promis à l’immortalité. Ronsard lui assigne une haute position morale

o   L’inspiration : l’enthousiasme ou la « fureur poétique » pénètre le poète pour lui donner la force de créer, à laquelle il faut ajouter le travail. L’art complète les dons de la nature afin de rendre l’œuvre immortelle

o   La recherche de la beauté : la réussite poétique se mesure à sa perfection esthétique : couleurs, ornements, harmonie des rythmes

o   L’imitation des anciens est pour l’artiste un révélateur, une nourriture, et aussi un hommage à la nature.

o   Les genres et les formes : les formes poétiques de l’école nouvelle se limitent à celles héritées des modèles anciens ou italiens : la chanson, l’épigramme, l’élégie, l’églogue (poème pastoral à la mode). Genres nobles comme l’ode et l’épopée puis le sonnet. Introduction de l’alexandrin.

o   Principalement reconnue en poésie mais qq tragédies et comédies composées par Jodelle

-       Les réalisation littéraires

o   Les thèmes : la gloire du poète (autocélébration qui restitue au poète sa fonction divine, celle de révéler la vérité, de vanter les beautés du monde , de dépasser le présent banal – l’amour (célébration lyrique de l’amour, ses plaisirs et ses tourments) ; la passion amoureuse prend des formes sublimées, idéalisées (blason) ou couplets misogynes - est associée à l’inspiration épicurienne du carpe diem – la mort (décors funèbres, évocations macabres) – la nature (poètes provinciaux élevés dans un décor agreste, nourris de paysages bucoliques) ; elle sert de décor à une scène sentimentale, une rencontre, une surprise ou de référence nostalgique pour un exilé – la cour : amour de la nature et de la sincérité qui conduit au rejet du mensonge qui règne à la cour, dénoncée par des satires – la science : importantes mutations dans divers domaines (mystères de l’univers, visions cosmiques…)

-       Les œuvres : 

o   Du Bellay 1523 1560 : L’Olive 1er recueil de sonnets français 1549, Les Antiquités de Rome 1558, Les Regrets 1558

o   Ronsard 1521 1585 : Les Odes 1550, Les Amours 1552 1553, Les Hymnes 1555 1556 La Franciade 1572

o   Pontus de Tyard 1521 1605 : ami de M Scève, chantre de l’amour Les Erreurs amoureuses 1549, L’Univers 1578 (devient Evêque de Chalon)

o   Remy Belleau 1528 1577 – rassemble en 1572 ses poèmes dans les deux livres de sa Bergerie

o   Etienne Jodelle 1532 1573 : esprit indépendant qui s’illustre au théâtre, œuvre poétique publiée à titre posthume Œuvres et mélanges poétiques

o   Jean Antoine de Baïf 1532 1589 : théoricien important et chercheur curieux publie en 1552 un livre dans le style de Pétrarque Les Amours de Méline , Les Météores en 1567

-       Postérité : poésie combattante et partisane inspirée par les conflits religieux illustrée par Agrippa d’Aubigné et Guillaume du Bartas (protestants) et Sponde (catholique)

o   D’Aubigné 1552 1630 donne dans les Tragiques un saisissant tableau des désastres liés aux persécutions religieuses, vision apocalyptique de la condition de l’homme

o   Du Bartas 1544 1590 : Judith 1573 épopée dramatique, œuvres inspirées de la science antique et de la mythologie biblique

o   Sponde 1557 1595 : poésie mystique qui annonce Pascal (Méditations sur les psaumes) La Satyre Ménippée 1594 (parodie Les Etats généraux de la Ligue tenus à Paris en 1593

-       Influence de la Pléiade : ne survit pas à la mort de Ronsard 1585 – influence considérable au XVIè siècle et pdt l’épanouissement baroque

-       Dédaigné par les classiques et jusqu’au XIXè siècle, réhabilité par les Romantiques

 

 

 

 

 

 

L’Humanisme : Mvt intellectuel complexe

L’origine de l’Humanisme

-       Un pb de terminologie : mot « humanisme » n’existe pas au XVIè , apparition du terme en 1765 dans une autre acception (estime et amour de l’humanité) puis vers le milieu du XIXè pour désigner une doctrine qui tendrait à assurer l’épanouissement de l’homme ; désignera le mvt d’esprit du XVI à partir de 1877 recouvrant le culte des belles lettres (les humanités), et la foi dans les ressources philosophiques et scientifiques de l’homme.

-       Désigne les lettrés qui étudient dans les facultés « humanitatis litterae ou studia humanitatis : les arts recouvrent le trivium (grammaire, rhétorique et logique) et le quadrivium (arithmétique, astronomie, histoire et musique) – volonté de donner plus d’importance à l’éloquence et à la poésie antiques (disciplinae humaniores)

-       Sources du mvt : essor lié à l’influence de l’Italie, aux travaux des rhétoriciens du XVè et à la diffusion du livre favorisée par l’imprimerie

-       En Italie, précurseurs Dante 1265 1321 ou Pétrarque 1304 1374 mais aussi vers 1450 Pic de la Mirandole et d’autres qui traduisent et commentent Homère, Platon, Plutarque ou Virgile. De nbx érudits italiens viendront enseigner à Paris à la fin du XVè

-       En France, //t Guillaume Fichet 1433 1480 recteur de l’université de Paris installe à la Sorbonne la première presse qui lui permet de publier des ouvrages italiens

-       Le retour à l’Antiquité : le Moyen Age s’était limité à des emprunts servant son projet d’édification chrétienne. La Renaissance cherche dans les œuvres grecques et  latines un aliment de réflexion et de création. Rénovation de la culture et les lettres passant par un dialogue avec l’Antiquité. – Création du Collège des Lecteurs royaux (futur collège de France) qui enseigne le latin, le grec et l’hébreu.

L’œuvre de l’humanisme

-       L’esprit du mvt : concomitance d’une tendance intellectuelle et moment de l’histoire (lettre de Gargantua à Pantagruel) qui touche la littérature mais aussi la philologie, la pédagogie et la philosophie

-       L’Humanisme philologique : volonté d’un retour authentique aux textes « C’est aux sources mêmes que l’on puise la pure doctrine » Erasme. Vœu valable pour la religion mais aussi pour la pensée philosophique et la pratique littéraire – traduction au plus près des textes anciens Aristote mais aussi les Ecritures. Souhaite aussi rendre sa noblesse à la langue française, la maîtrise linguistique donnant accès à l’universalité du savoir. (Première grammaire 1531)

-       L’Humanisme pédagogique : rêve d’inventer un homme nouveau devenu « la mesure de toute chose » par l’enseignement : « Eloge à la folie » d’Erasme 1526 (qq principes d’éducation), ironie de Rabelais sur l’éducation scolastique « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », Montaigne « De l’éducation des enfants » : bases d’une éducation moderne ouverte au dialogue, à la critique, aux arts, aux sciences et même au sport.

-       L’Humanisme religieux, philosophique et politique : sur le plan des idées, le débat est surtout religieux et politique.  Réforme qui marque un retour salutaire à la Bible et aux sources de la foi. La religion doit rapprocher les hommes (étymologie) par delà les frontières, les différences autour de la vraie parole de Dieu (évangélisme) – même désir de renouveau généreux en matière politique : société idéale élaborée par Thomas More Utopia 1516, Rabelais L’abbaye de Thélème 1534 «  des hommes libres dans une cité libre »

-       L’Humanisme et la littérature : ouverture de la littérature à la pensée philosophique, politique ou religieuse

o   Rabelais et l’Humanisme joyeux :  érudit, sérieuses études religieuses, formation de médecin  - les caractéristiques humanistes de l’œuvre :

§  Un héros gigantesque à l’appétit insatiable, métaphore de l’idéal de la connaissance universelle

§  Satire bouffonne de certaines institutions (hiérarchie ecclésiastique, dogmes, superstition du christianisme, méthodes éducatives, arbitraire princier, cruauté des guerres…)

§  Recherche du bonheur, nouvel idéal situé dans une sté harmonieuse et parfaite

§  Abandon de l’esprit de sérieux et la promotion du rire

§  Elaboration d’un programme éducatif ambitieux qui associe à l’acquisition des connaissances, la formation de l’esprit et l’épanouissement du corps

§  La rénovation de la langue nationale grâce à une imagination verbale sans limites

o   Montaigne ou l’Humanisme critique : vaste réflexion, observation du monde, leçon de sagesse à partir de ses propres réflexions Les Essais 2ème moitié du XVIè

§  Un regard sceptique sur le monde : la vie sociale est une « piperie », les activités mondaines des « vacations farcesques », notre univers changeant « une branloire pérenne » - ne se laisse pas abuser par les mirages de la puisse et s’essaye à se comprendre « connais toi toi-même afin de comprendre le monde

§  Une volonté de « bien faire l’homme » : sans lourdeur didactique – après une période stoïcienne évolution vers une sagesse inspirée de la nature, s’accommode des faiblesses de l’homme, se défie des préjugés en matière de religion, de science, d’éducation (la tête bien faite préférée à la tête bien pleine), accepte l’autre et ses différences « peuples enfants » des nouveaux continents (chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ), se résigne à son destin de mortel

§  Relation nouvelle à l’écriture, perceptible dans l’entreprise inédite de se peindre soi même sans vanité et sans pudeur, ouvre la voie à l’introspection mais aussi à l’observation subjective du monde « Je m’étudie plus qu’autre sujet, c’est ma métaphysique, c’est ma physique »

§  Recours à un parler neuf, sincère, imagé

-       L’indépendance d’esprit de Montaigne, le relativisme de ses jugements, son désir prioritaire de réussir son existence l’éloignent de l’exaltation euphorique, de la croyance fervente en l’homme et en ses mérites attachées à l’idée de l’Humanisme. La Renaissance semble s’achever et s’annonce la mesure du classicisme ou les zones turbulentes de l’angoisse « baroque »

 

 

Le XVIIème siècle :

Le Baroque : désigne à la fois une esthétique fondée sur l’imagination, la sensibilité, l’outrance et le désordre, une philosophie liée à une vision particulière du monde et à une aspiration mystique et une période littéraire baptisée a posteriori au XXè qui va de 1580 à 1660

-       Origine du mot : l’adjectif « baroque » apparaît en 1531 pour traduire le portugais barocco, mot qui désigne une perle de forme irrégulière, au figuré se dit pour irrégulier, bizarre, inégal – sens péjoratif – en esthétique, il signale un excès, un maniérisme (cad un goût pour les formes recherchées et artificielles éloignées de la beauté sobre et parfaite du Classicisme inspiré de l’Antiquité)

-       Art décadent et bizarre qui s’épanouit en architecture, art religieux s’opposant à la régularité et à la norme de l’esthétique classique

-       L’âge baroque : délimitation fluctuante, superposition avec le Classicisme – période de transition entre la Renaissance et le Classicisme

o   Période agitée, instable : « littérature de temps de crise » è période d’ébranlements et de ruptures dans les domaines scientifiques, religieux, social et politique : découvertes qui élargissent la représentation du monde et de l’univers créant un sentiment de désordre et d’inquiétude contestant la place et le rang de l’hoe ds l’univers

o   Dans le domaine religieux : schisme de la Réforme – Concile de Trente 1645 1653 revient sur la question du salut de l’âme en récupérant le message augustinien qui insiste sur la faiblesse de l’homme déchu livré à l’ignorance, au péché et à la mort. Tendance anti-humaniste exprimée par le jansénisme

o   Dans le domaine politique : période troublée et violente (complots, sédition, répressions) – contestation de l’autorité royale – une vie factice, désordonnée, fragile, douloureuse – climat incertain propice à une littérature du doute, de la désillusion tendue vers un possible renouveau (l’homme baroque est à la recherche de lui-même et d’un sens à sa vie, soucieux à la fois de retrouver ses racines et de s’affirmer en se dessinant un avenir.

-       Thèmes et formes baroques : pas de texte théorique, tendances récurrentes, caractères significatifs qui permettent d’organiser une typologie et une topique  qui permettront de souligner trois caractéristiques essentielles du Baroque

o   La métamorphose : le motif du changement, de la transformation est privilégié – l’univers est présenté en mvt, l’être humain est saisi ds son inconstance et sa diversité ( Essai III, Montaigne « Je ne peins pas l’être, je peins le passage ») –symbolisée par Circé et Protée

o   L’illusion : une époque marquée par le théâtre où se déploient mirages et faux semblant, trompe l’œil et déguisement, la feinte « la vie est un songe » « le monde est un théâtre »

o   L’ostentation : « goût du monumental » « la volonté d’impressionner » « exhibition de la puissance matérielle » « importance des superpositions décoratives » - rhétorique de l’outrance (antithèses, hyperboles, oxymores, accumulations, surcharge lexicale, périphrase) : profusion qui renvoie à la figure du paon (Rousset)

-       Topoi récurrents :

o   La nature : très présente ds les œuvres baroques, devient la preuve de l’instabilité du monde à travers le motif de l’eau qui coule, deal nuée qui fuit, du vent qui souffle – atteste de la présence de Dieu dont la grandeur contraste avec la petitesse de l’homme – écriture laudative et épidictique pour célébrer les beautés de la nature et rendre hommage à Dieu

o   Le bizarre : le Baroque aime à surprendre, à choquer, à déstabiliser en inventant des personnages extravagants ou burlesques. Héros passionnés, glorieux, révoltés, réhabilitation des objets vils ou méprisables

o   La mort : aspiration macabre assortie à la conviction de l’éphémérité de la vie – thème du memento mori

o   Le paraître : culture de l’éclat, de la brillance en peignant des sujets élevés, éblouissants : soleil, mirages de l’eau, feux d’artifice. Récits compliqués, théâtre dans le théâtre – victoire de l’imagination et du merveilleux

Les œuvres baroques

Pas de chef de file : auteurs célèbres qui à certains moments de leur carrière ont rejoint le baroque par le ton, le sujet, les orientations esthétiques (Molière, La Fontaine, Corneille, Montaigne, Ronsard) – foisonnement d’œuvres car présence occasionnelle par le biais d’un thème, d’une image, d’une figure de style

Le théâtre : art dramatique qui se prête à la représentation de l’instabilité des choses et des êtres. A l’étranger Shakespeare et Calderon, en France Corneille s’impose avec des pièces relevant de l’esthétique baroque (Clitandre 1631 La Place royale 1634 L’illusion comique 1636 Le Menteur 1643 ) – Molière avec ses comédies ballets ou ses pièces à machines (Les Plaisirs de l’Ile enchantée ou la Princesse d’Elide)

Le roman : essor considérable au XVIIè – formes et tonalités multiples : intrigues compliquées, personnages nombreux laissant place à l’imagination et la fantaisie du narrateur – L’Astrée d’H d’Urfé 1607 1628, longue pastorale qui impose le goût du romanesque – Madeleine de Scudéry, principale représentante du courant précieux avec le Grand Cyrus 1644 et Clélie 1654 – Tristan l’Hermite 1642 – Le Roman comique de Scarron 1651 1657 – L’Autre monde Cyrano de Bergerac 1650

La poésie : production poétique considérable – registres variés – 4 formes poétiques dominantes : l’épopée  (Du Bartas, Agrippa d’Aubigné, St Amant, Chapelain), la poésie religieuse avec Jean de Sponde, Du Bartas, Tristan l’Hermite, Malherbe ; la satire, forme de poésie légère et provocante sur des sujets mineurs ou grotesques (Régnier, Théophile de Viau, Boileau), la poésie lyrique qui chante la femme, l’amour, la nostalgie, le cosmos ou la mort (Viau, St Amant, Marbeuf).

Le legs du Baroque :

-       Une esthétique universelle : influence réduite sur la littérature mais influence sur les autres arts en particulier l’architecture, la peinture et la musique, irradie dans toute l’Europe.

-       A l’origine du maniérisme terme surtout utilisé en peinture et qui signale de l’affectation , un goût emprunté et contourné tout en exprimant un sentiment de doute ou d’incertitude. En poésie, l’équivalent serait le « concettisme » de l’italien « concetto » (trait ingénieux, pointe) dont la trace se retrouve même en Angleterre avec l’ « euphuisme » (Euphues roman de John Lily 1578), en Italie avec le marinisme (Marino), en Espagne le « gongorisme » (repris du poète Gongora)

-       Baroque et classicisme : conciliation de la liberté euphorique du Baroque et la discipline raisonnable du Classicisme

 

Le Classicisme : Un mot, une notion, une époque

Selon le Littré de 1872, Système des partisans exclusifs des écrivains de l’Antiquité ou des écrivains classiques du XVIIè (emploi récent en opposition au terme « romantisme »)

« classique » terme polysémique : 1) hérité du latin classicus qui signifie « de premier ordre » ou encore « excellent, remarquable » - sera jugée classique une œuvre digne d’admiration, d’imitation (sens jusqu’à la fin du XVIè)

2) 2ème sens « ce qui est digne d’être enseigné dans les classes » cad « auctores classici » pour l’époque.

3) plus tard ceux qui appartiennent au patrimoine national ou universel, dont les grands noms du XVIIè

Au XIXè « classique » opposé à « romantique » recouvre une esthétique en œuvre dans la 2è moitié du XVIIè (cf Racine et Shakespeare de Stendhal)

La notion de classicisme : ne désigne pas une école à l’origine mais c’est un terme laudatif appliqué tardivement à des écrivains dont la qualité a fait des modèles d’expression. Puis repris par St Beuve, désigne un « auteur qui a enrichi l’esprit humain », un idéal fait d’équilibre, d’harmonie et de mesure. S’étend à tous les arts (architecture, jardins, sculpture, peinture). L’idéal classique recouvre à la fois un goût (répond aux exigences de perfection caractérisant l’honnête hoe), une philosophie (se fonde sur des règles de sagesse et de raison), une esthétique par le souci d’un style élégant mais sobre et discret hérités des Anciens mais exprimés dans une langue nationale accomplie.

Le classicisme historique : 2 premières décennies du règne de Louis XIV – conjonction entre l’apothéose du « grand siècle » et l’émergence du « Roi Soleil » : stabilité favorable à la fécondité artistique après La Fronde 1648 1653 – maturité d’une génération d’écrivains (La Fontaine, Pascal, Sévigné, Bossuet) et l’émergence d’une sde génération brillante (La Fayette, Boileau, Molière, Racine, Fénelon)

Les origines du Classicisme :

-       L’héritage de l’Humanisme : reprend et prolonge les valeurs défendue par l’Humanisme : il recommande le retour aux modèles antiques, mène le combat en faveur d’une langue nationale et désire légiférer en matière de création (aspire à définir les contours d’une sagesse faite de mesure et d’équilibre ou une morale exigeante inspirée de l’idéal stoïcien) – l’honnête hoe ressemble à l’humaniste (prémices chez Montaigne d’un rationalisme contrôlé qui s’affirmera avec Descartes, des élans de liberté de pensée repris par le courant libertin, des traces d’un scepticisme épicurien peu éloigné de celui de La Fontaine)

-       Entre spiritualité et philosophie : sources du classicisme dans l’évolution des fondements de la pensée – conséquences de la Contre Réforme imposant un climat complexe de spiritualité catholique d’où découleront les valeurs d’ordre en matière morale, sociale et politique) – thèmes de l’humilité et de la persécution du moi à replacer dans les conflits religieux

o   Jésuites : morale souple, Humanistes chrétiens (St François de Sales, Bossuet)

o   Jansénistes : Pascal, Racine, La Rochefoucauld

o   Quiétistes, courant mystique défendu par Mme Guyon et Fénelon

-       Affirmation du modèle de l’homme de cour qui souhaite s’affranchir de tout dogme religieux donnant naissance à la figure du libertin, mondain sceptique ou épicurien qui se réclame de la nature plus que de Dieu à l’image de la philosophie  d’un Gassendi.  (Cyrano, Sorel, Molière, la Fontaine, St Evremond)

-       Développement de la pensée cartésienne qui par la promotion de la raison récuse la culture antique et revendique des règles de rigueur méthodique et un devoir de progrès

-       La volonté de légiférer : en réaction au Baroque, tendance  à codifier le goût littéraire au moyen d’une immense activité théorique – s’inspirant d’Aristote et de La Pléïade, Malherbe définit les conditions d’une poésie respectueuse des règles (refus des rimes faciles ou disgracieuses, formes incertaines) - Création de l’Académie française en 1635 – l’Art poétique de Boileau 1674 condense les principes de l’Art classique.

 

La doctrine classique : Doctrine classique qui peut être dégagée à partir de la production théorique

-       L’ordre classique : 3 exigences

o   Plaire et instruire (fonction esthétique et morale dans l’esprit d’Aristote et d’Horace) avec la priorité donnée au plaire  (cf préface de Bérénice « La principale règl est de plaire et de toucher » reprise par La Fontaine, Boileau, Molière (Castigat ridendo mores)

o   Suivre la nature : (mimésis d’Aristote : tout art est une imitation) (Ut pictura poesis « la poésie est comme une peinture » d’Horace) – l’art doit donc imiter la nature (ne recherche pas le réalisme mais respecter ds le style et les sujets une juste mesure conforme à la qualité suprême du « naturel » « Lorsque vous peignez les hommes, explique Molière dans la Critique de l’Ecole des Femmes, il faut peindre d’après nature »

o   Respecter le bon goût : mélange de perfection et de naturel  « bon goût »  Nihil nimis de Pascal – recherche pouvant atteindre le sublime (ton ou discours élevé et en mm tps simple, dépouillé, harmonieux), la grâce (négligence étudiée qui touche l’âme)

-       Les règles : pour atteindre cet idéal de « convenance » l’œuvre d’art doit être soumise à des contraintes théoriques (surtout valable pour le théâtre)

o   La vraisemblance : le créateur invente en ayant le souci de ne pas heurter le bon sens du public  - le poète possède la latitude « d’embellir les actions historiques par des inventions vraisemblables »(Corneille)

o   Les bienséances : respect de la bienséance qu’elle soit « interne » (refus des excès ou des incohérences psychologiques) ou « externe » (interdiction de montrer des scènes contraires aux bonnes mœurs ou à la décence, d’utiliser un langage déplacé ou vulgaire, d’exprimer des sentiments outranciers)

o   Les unités : « Qu’en un lieu, qu’en un jour un seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » Boileau

-       La morale classique : mêle aux règles de nature technique des impératifs sociaux ou moraux. L’honnête hoe incarne les valeurs du Classicisme : l’aptitude à plaire en sté, l’art du discours, de la séduction, de la délicatesse, de l’équilibre.  Etre sociable, mondain, généreux, distingué, il fonde ses choix sur la raison qui le préserve des excès liés à la passion. Effacement du moi jugé « haïssable » par Pascal car il est marque de vanité.

Le classicisme dépasse les limites étroites de la littérature ou de l’art. Le mvt associe un idéal de rigueur et de perfection à une morale exigeante voire tyrannique.

Le Classicisme dans ses œuvres

-       L’âge d’or du théâtre : production dramatique se développe à partir de Corneille – contexte favorable : les Grands deviennent les commanditaires et protecteurs des dramaturges, les aristocrates apprécient le spectacle et aiment à s’y montrer ; le public bourgeois et même populaire en est friand. Reconnaissance des comédiens. Espace propice à l’expression des « règles » - Trois grands dramaturges :

o   Corneille influencé par le théâtre baroque et la tragi comédie héroïque puis sujets politiques centrés sur le thème de l’honneur

o   Racine dépouillement janséniste de ses sujets et vigueur du style correspondant davantage au goût classique

o   Molière : héritage de la farce italienne pour la rénover et donner à la comédie dans toutes ses formes une dignité jusqu’alors inconnue

o   Le théâtre et notamment la tragédie constitue dans la hiérarchie des genres hérités d’Aristote la forme la plus élevée.

-       Les autres genres : la poésie se place derrière la tragédie, légère ou mondaine comme le madrigal, l’ode ou l’épître (Boileau), allégorique comme la fable (1er recueil 1668)

-       Le genre narratif se partage entre l’épopée et le roman, déprécié et critiqué par les doctes. Développement d’une veine précieuse dans la lignée de l’Astrée mais aussi héroïque philosophique ou burlesque. (Melle de Scudéry, La Calprenède, Cyrano, Sorel, Scarron, Furetière)  - seul véritable roman classique « La Princesse de Clèves » de Me de La Fayette 1677 (conflits de la passion et de la raison, qualité aristocratique et historique des personnages, sobriété de la forme) – Lettres de la Religieuse portugaise de Guilleragues 1669 se ressent de l’influence classique.

-       Littérature d’idées, de réflexion : les moralistes (Pascal, La Rochefoucault,  La Bruyère, les Mémorialistes (Retz), les prédicateurs (Bossuet, Fénelon), les épistoliers (Guez de Balzac, Mme de Sévigné) : dénonciation des travers de la société contemporaine, les faiblesses de la condition humaine et exposés des principes d’une morale sans illusion teintée de pessimisme.

Périphérie et déclin

Préciosité et Burlesque : courants annexes du classicisme qui en sont l’affadissement ou la caricature

-       La préciosité : exagération d’une esthétique galante, galante, l’excès mondain de la doctrine classique – apparaît antérieurement au Classicisme, dépasse la littérature è mode de vie, vogue sociale qui s’imposent dans les salons (Mme de Rambouillet, Melle de Scudéry) – jeux mondains (énigmes, concours, blason, portraites), pratique raffinée de la conversation, l’art épistolaire, poésie galante et épigrammatique (Voiture), Clélie roman en 10 volumes de Melle de Scudéry 1654 1660 – Sera raillée par Molière mais imposera des règles de raffinement, de précision linguistique, goût pour l’analyse et la peinture du sentiment.

-       Le burlesque : aux antipodes de la préciosité, ds le prolongement de l’esprit baroque – « le burlesque qui est une espèce de ridicule, consiste dans la disconvenance de l’idée qu’on donne avec son idée véritable (Perrault) » - décalage entre un thème et son style : satire, parodie (Scarron Le Virgile travesti 1648 1653 adaptation burlesque de l’Enéide de Virgile) (Le Lutrin – Boileau parodie d’épopée 1674)

La Crise des valeurs classiques

-       2 dernières décennies marquent le déclin du rayonnement royal, disparition des figures représentatives du Classicisme, émergence d’une littérature d’idées qui annonce la philosophie des Lumières – 1687 : année avancée pour dater la fin du courant classique : début de la Querelle des Anciens et des Modernes après la lecture d’un poème à la gloire de Louis XIV (au détriment de celui d’Auguste) par Charles Perrault  - Déjà en 1676, les Modernes obtiennent que les inscriptions sur les monuments soient écrits en français et non en latin – contestation de l’autorité des Anciens au nom de la raison et de la liberté qui prépare l’avènement d’une littérature de combat (Fontenelle, St Evremond, Fénelon)

Survivance de l’idéal classique au XVIIIè en matière de poésie ou d’écriture dramatique par Voltaire, poète – figure du philosophe dans la lignée de l’honnête homme.

 

 

 

Le XVIIIème siècle

Les Lumières : courant littéraire ou philosophique ?

Une littérature au champ élargi : pas d’engagement collectif qui permettrait une aventure artistique commune. Appellation pertinente pour définir un courant intellectuel et philosophique couvrant une grande partie du XVIIIème siècle de 1715 à 1789, mvt qui dépasse largement les frontières françaises dans l’histoire des idées – communauté d’objectifs ou de thèmes (culte de la raison, confiance au progrès, aspiration au bonheur, devoir d’instruction, esprit d’émancipation, critique des abus et des préjugés – imbrication étroite entre philosophie et littérature : « on serait tenté de poser que tout est littérature au siècle des Lumières ; des dictionnaires aux romans, sans oublier les discours ou les dialogues. Les Lumières vont s’inventer une littérature qui leur soit spécifique en commençant par annexer les formes littéraires. Ainsi la philosophie est partout ; elle occupe le roman, investit le théâtre, s’installe même en poésie » Goulemot.

Qu’est ce que les Lumières ? Titre emprunté à Kant pour tenter de clarifier un mot et une notion.

- Terme repris au lexique religieux à partir du latin « lumen » (éclat divin) et « luminaria » (flambeau). Mot entré dans la langue française au XIIè et prend un sens figuré « ce qui éclaire et guide l’esprit, ce qui rend visibles les obscurités » (Littré) – métaphore reprise au pluriel pour désigner le XVIIIè – rapprochement avec l’allemand Aufklärung qui s’impose vers la fin du XVIIIè.

« Qu’est ce que les Lumières ? La sortie de l’Homme d’une minorité qui n’est imputable qu’à lui. La minorité, c’est l’incapacité de se servir de son entendement sans la tutelle d‘un autre (…) Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement : telle est donc la devise es Lumières. Kant

Terme en anglais « Enlightment » en italien « Illumismo »

Contexte historique et culturel

Une époque en mutation : entre le déclin du roi Soleil et l’écroulement de l’Ancien Régime

-       Régence (8 ans) de Philippe d’Orlans : gouvernement libéral, augmentation des pouvoirs du gouvernement, tolérance voire encouragement du relâchement des mœurs

-       Louis XV : 50 ans de règne (1723 – 1774), d’abord populaire puis décrié pour ses choix maladroits en matière politique, sociale ou idéologique : interdiction de l’Encyclopédie 1751, exécution du protestant Calas 1762, guerre de 7 ans (1756 1763), affaire des Parlements (réforme controversée des cours de justice), place des favorites Mesdames Du Barry et la Pompadour è dégradation de l’image du pouvoir qui favorise l’esprit de contestation.

-       Louis XVI : hérite d’une situation agitée et d’une opposition radicalisée

L’essor du livre : démocratisation du livre qui favorise le foisonnement littéraire – recul de l’analphabétisme, progrès dans l’impression, diffusion des livres permettent de répandre le savoir – tout le monde écrit (bourgeois, aristocrates, fils du peuples, hoes, femmes) – augmentation du nbre de lecteurs qui attendent divertissement, information et instruction. Développement des périodiques, naissance de nombreux journaux spécialisés auxquels collaborent des écrivains de renom (Prévost, Marivaux, Voltaire, Diderot)

Changement du statut de l’écrivain : devenu indépendant, droit à la libre parole, mission de diffuseur des Lumières, défie la censure par ses hardiesses, s’impose comme un acteur important du paysage socio culturel. Influence du modèle anglais (demande de considération, obtention d’une législation en matière de propriété littéraire)

La vie de l’esprit : 4 lieux particuliers : salons, cafés, clubs et académies qui servent de tremplinà la diffusion des idées et des goûts.

·       Salons tenus par des femmes (Duchesse du Maine, Mmes de Lambert, de Tencin, Necker)

·       Cafés : Le Laurent (Montesquieu lettre 36) La Régence (neveu de Rameau Diderot) Le Procope ou le Gradot

·       Académies : création de nombreuses académies chargées de décerner des prix, d’encourager des travaux scientifiques, de favoriser la réflexion sur des sujets philosophiques, historiques ou littéraires (Rousseau connu par l’Académie de Dijon en 1749 et 1753)

·       Goût pour la conversation et l’écriture épistolaire qui révèle une aspiration gle à la liberté d’expression, de goût et de pensée

L’élargissement du monde

-       Cosmopolitisme : ouverture au monde par l’emprunt aux voisins et la traversée des frontières (Angleterre Voltaire diffusion des thèses de Locke et Newton) (Invitation de Voltaire par Frédéric II roi de Prusse et Diderot par Catherine de Russie) – pratique des langues étrangères et le français se lit partout en Europe

-       Engouement pour les voyages lointains et l’exotisme : récits de voyage qui nourrissent l’imaginaire et ouvrent une réflexion sur l’ethnocentrisme (Montesquieu les LP 1721, Diderot Supplément au voyage de Bougainville 1743) è naissance de la mode du conte oriental, littérature utopique, interrogation sur le « bon sauvage » qui opposa Voltaire et Rousseau

L’esprit des Lumières

La figure du philosophe : mot qui désigne un homme qui se sert de sa plume pour défendre des idées audacieuses, un écrivain contestataire qui refuse les préjugés, un esprit universel qui se pique de sciences et de belles lettres. (article Philosophe Encyclopédie) – fonction sociale du philosophe – en tant que détenteur du savoir il doit guider les hommes sur la voie du progrès et de la sagesse en dénonçant  les impostures et critiquant les abus, combattant du vrai, prépare la figure de « l’intellectuel engagé » du XXè

L’encyclopédisme

Croyance au savoir universel  - reprise des idéaux humanistes de la Renaissance – souhait de comprendre et expliquer l’univers grâce à un travail minutieux d’observation et d’analyse

« Dans le premier versant du siècle, observer, inventorier et classer constituent des activités prioritaires (…) ; la complexité de la nature exige d’abord des observations méthodiques et scientifiques » JJ Tatin Gourier

Philosophes, écrivains et scientifiques s’intéressent à toutes les disciplines et s’essaient à la vulgarisation. Elaboration de l’Encyclopédie, Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (cf article Encyclopédie Diderot) : 17 volumes 11 volumes de planches, 5 volumes de suppléments, 2 volumes d’index , 21 ans de travail, collaboration de 150 spécialistes.

Les fondements conceptuels des Lumières

Pas de composantes d’une esthétique mais des fondements intellectuels sur qui reposent sur 5 gds principes :

·       La Raison : pour balayer les préjugés et le faux savoir des siècles précédents, les philosophes souhaitent fonder leur réflexion sur la raison, arme de la critique et de la vérité, source d’émancipation et de bonheur car elle invite à rejeter toute métaphysique.

·       L’Expérience : la pensée doit avancer avec une prudence et une rigueur scientifiques en procédant méthodiquement à l’observation et à l’expérimentation, volonté de soumettre l’univers à un examen critique inspiré des sciences exactes

·       La Nature : devient la référence nécessaire aussi bien pour justifier l’entreprise de description de l’univers, pour comprendre les comportements humains sans recourir à la religion que pour cultiver la sensibilité au contact d’un spectacle chargé d’émotion

·       La Sensibilité : développement (surtout à partir de 1750) d’un courant qui réhabilité l’émotion et les sens « il n’y a que le sentiment qui puisse donner des nouvelles un peu sûres de nous » (Marivaux 1730) – reprise des thèses de Locke et Condillac par Helvétius et Ddierot pour tirer le sensualisme vers le matérialisme – Plus idéaliste, Rousseau fera de la sensibilité l’expression de la vertu et de la vérité de l’être

·       Le Bonheur : sens laîque attribué au mot « bonheur » à rapprocher du plaisir. La recherche du bonheur est à l’origine de la démarche philosophique visant à la connaissance à l’instruction, au progrès, à la maîtrise  de soi- même. Les hommes aspirent à vitre mieux dans « le luxe et la mollesse »  Voltaire Le Mondain. Le bonheur est fourni par la nature et par la sensibilité et semble indissociable de la vertu, autre valeur remarquable du siècle.

L’œuvre des Lumières

Les objets du combat : la littérature (confondue avec la philosophie) doit servir la pensé et combattre l’obscurantisme, visant deux domaines : la religion et la politique.

·       Récusation au nom du rationalisme des dogmes théologiques à l’origine de la superstition, de l’intolérance et du fanatisme

·       Principes chrétiens bafoués par un clergé corrompu

·       Remplacement de la conception d’un Dieu omnipotent et rédempteur remplacé par l’image déiste d’un créateur simple « horloger » ou « architecte » de l’univers ou nié par l’athéisme scientifique (Diderot)

·       Refus du modèle monarchique de droit divin qui doit être remplacé par un gouvernement « éclairé » de nature constitutionnelle à l’image de l’Angleterre

·       Un monarque réformateur idéal s’éloignant de l’arbitraire, de l’intolérance, oeuvrant dans le sens de la liberté (de pensée, d’expression, d’action en matière économique) associant le peuple souverain à la gestion de l’Etat (Rousseau)

·       Refus des privilèges, abolition de l’esclavage mais les philosophes ne réclament pas le renversement du régime ni l’avènement d’une société égalitaire – ferment d’une révolution sociale et politique mis en évidence par les lecteurs

Les formes littéraires

-       Œuvres de théorie et de combats (essais, discours, dictionnaires, mémoires, pamphlets) écrites dans une forme élégante et accessible (l’Esprit des lois Montesquieu 1748, Le contrat social Rousseau 1762, le Traité sur la tolérance Voltaire 1763, le Rêve de d’Alembert Diderot 1769)

-       Développement d’une littérature satirique ou subversive : conte philosophique (Voltaire, Diderot), roman épistolaire (Montesquieu), roman dialogue (Diderot Jacques le fataliste et son maître, le Neveu de Rameau)

-       Expression de la sensibilité dans l’invention romanesque : douloureuse confrontation avec le monde (Manon Lescaut Abbé Prévost 1731, la Vie de Marianne Marivaux 1731 41), expression des tourments du cœur (La Nouvelle Héloïse 1761 Rousseau), froide manipulation du sentiment (Laclos, Crébillon ou Sade), nouvelle « écriture du moi » illustrée par les Confessions de Rousseau

-       Poésie : genre déclinant mais expression des sentiments et des convictions philosophiques (Voltaire, Chénier)

-       Théâtre : genre très vivace (comédie) : Marivaux, Lesage, Diderot, Beaumarchais

Tonalité spécifique quelle que soit la forme littéraire choisie : l’ironie (antiphrase, paradoxe, badinage, parodie) devient l’emblème de l’irrévérence et de la liberté

Leg d’un état d’esprit – celui de l’émancipation et de la critique – d’un ton – celui de la légèreté corrosive – une attitude – celle de l’implication de l’homme de pensée dans les combats de son temps.

 

Le Préromantisme

Une période plus qu’un mouvement : « post classicisme » « décomposition de l’esthétique classique » - période charnière de 1770 à 1815 – démarche rétrospective après l’avènement du romantisme

Le mot et la chose

Opportun cependant de conserver le terme car valeur épistémologique liée à la temporalité et à une évolution esthétique – mot employé pour la première fois en 1909 pour désigner une période d’entre deux, entre les Lumières et le Romantisme afin d’ancrer l’origine du romantisme dans une démarche nationaliste

Période de la révolution : pivot politique et culturel – tendances dominantes :

·       La promotion de la sensibilité et des formes littéraires qui en découlent

·       La remise en cause des principes esthétiques du Classicisme

·       La reconnaissance des spécificités nationales en matière d’art

·       L’affirmation de l’individu et le goût de la subjectivité

·       Le recours à l’Histoire pour expliquer l’évolution du monde

·       La vocation sociale et politique de l’écrivain

Les étapes du Préromantisme : division chronologique en trois moments

·       Fin de l’Ancien Régime 1770 1789

·       Période révolutionnaire 1789 1799

·       Le Consulat et l’Empire 1799 1815

La fin de l’Ancien Régime

-       Nouveaux goûts littéraires imposés par La Nouvelle Héloïse 1761 et les Confessions à partir de1756 de Rousseau comme le sentiment de la nature, l’expression du moi, la priorité donnée au cœur, l’exaltation des émotions, l’insatisfaction mélancolique. Disciple Bernardin de St Pierre Paul et Virginie 1788, développement de la littérature épistolaire et autobiographique – gde postérité

-       Exaltation des vertus de la nature perçue comme un tremplin de l’émotion et donc de la création par Diderot et son œuvre critique où se définit une esthétique de l’enthousiasme et du pathétique (peinture, musique, théâtre)

-       Drame bourgeois (dont Diderot se fera le théoricien) qui réhabilite le sentiment et les larmes

-       Poésie lyrique de la 2è moitié du XVIIIè notamment André Chénier (vie brève et destin tragique, guillotiné à 31 ans) qui apparaît comme un nouveau Ronsard « L’art seul en fait que les vers le cœur seul est poète » – persistance d’un courant lyrique qui influencera Lamartine (sujets qui préparent le romantisme mais forme classique)

Le consulat et l’empire

-       Transformation du drame bourgeois en deux sous genres : le mélodrame et le vaudevile

-       Genre narratif : roman noir et gothique souvent traduit de l’anglais d’une part, tendance sensible d’auteurs comme Sénancour Oberman 1804, Benjamin Constant Adolphe 1815

-        2 grands noms :

o   Mme de Staël (fille de Necker) Delphine 1802 Corinne 1807 et deux essais (De la littérature 1802, De l’Allemagne 1810) : propagandiste des nouvelles valeurs littéraires, conception nouvelle de la poésie devenue chant de l’âme, expression d’une émotion profonde

o   Chateaubriand qui incarne à lui seul la mutation qui saisit l’Europe au début du XIXè – vie longue associée à la bataille romantique – Atala (reprise du modèle Paul et Virginie – « amours de deux sauvages » dans un décor exotique) 1801, René  (bible d’une génération , invente le « vague des passions » et fonde le « mal du siècle ») 1802  - naissance du premier « romantisme »

Les composantes du préromantisme

Les fondements idéologiques :

-       Le cosmopolitisme : ouverture à l’étranger déjà proné par les Lumières, augmentation des traductions de l’anglais et de l’allemand – diffusion des auteurs étrangers par les périodiques (Ossian, Schiller, Goethe, Byron) – redécouverte de Shakespeare  qui prépare le mélodrame et le drame romantique

-       La religion : élaboration d’une littérature religieuse et morale fondée sur la nature ou le retour aux valeurs catholiques (Profession de foi du vicaire savoyard dans l’Emile 1762), Le Génie du Christianisme 1802 – Chateaubriand tente de démontrer la supériorité de l’art chrétien è après le déclin de la foi des Lumières, retour de la spiritualité (Cazotte, Benjamin Constant) « la religion est de toutes les émotions la plus naturelle » - évolution vers l’ésotérisme voire le mysticisme avec le courant illuministe (Saint Martin, Mesmer, Lavater)

-       Les nouvelles missions de l’écrivain : modification de la figure de l’hoe de lettres engagé dans le combat politique et social, devenu un « apôtre » qui répand la bonne parole et concourt au triomphe de la vérité (Mercier, Restif de la Bretonne)

Les thèmes d’inspiration : plus encore que par ses idées, le préromantisme se définit par des goûts, ses choix littéraires regroupés en trois axes :

·       La nature tourmentée : le paysage devient lieu de méditation, de ressourcement, de bouillonnement de la vie – développement de la vogue pour l’exotisme, le Moyen âge et le « genre troubadour »

·       Le lyrisme intérieur : engouement pour la littérature du moi, exprimée sous forme de souvenirs, mémoires, journaux intimes, correspondances. Naissance des « égotismes » : « le propre des égotismes préromantiques est justement de faire de leur moi un univers complet, de s’y renfermer avec un orgueil, un attendrissement sur eux-mêmes qui leur est une volupté » Monglond – préparent une écriture subjective qui consacre l’entrée de l’individu en littérature (Chateaubriand, Stendhal)

·       Les effets de la sensibilité : victoire du sentiment sur la raison, description des élans du cœur, les émois et les émotions, l’attendrissement et l’exaltation, les tourments de la passion et les douleurs de l’âme. De là découlent ce goût pour le sublime (ce qui transcende la réalité commune), pour le génie (ce qui atteint les sommets) mais aussi la préférence pour la nostalgie (temporelle et spatiale) et surtout pour la mélancolie, état d’âme fécond et représentatif d’une fin de siècle incertaine.

- Etat dépressif et humeur noir véhiculés par la culture du Nord, face sombre de l’enthousiasme

- contre les règles et les procédés de l’esthétique classique, le préromantisme est convaincu de l’impuissance des mots ou des figures pour exprimer les troubles confus de l’âle humaine et l’expression incontrôlée du génie.

L’apport du Préromanstime

-       Pas d’œuvre majeure à l’exception de Chateaubriand

-       Pas de théorie claire et explicite

-       Littérature de fin de siècle et mvt de transition et de préparation

-       Définition établie à partir d’un faisceau de tendance : « le besoin des émotions fortes, le besoin de la mélancolie, le besoin de la confession, un certain « mal du siècle, la tentation du suicide, la rêverie délicieuse et sans objet, l’attrait d’une religiosité sans dogme et sans grande foi, le goût des chimères sociales et morales. » Pierre Martino

Pas seulement « un brouillon » du Romantisme, contient des caractères propres  qui attestent un changement des goûts et des mentalités : l’individu reconquiert ses droits, l’Histoire devient le moteur privilégié du monde, l’universalité esthétique du classicisme s’effondre, la figure de l’écrivain s’auréole de génie, les registres de la sensibilité l’emportent (A cet titre, peut aussi annoncer l’émergence de la modernité)

 

 

 

Le XIXème siècle

Le Romantisme

A l’origine du mouvement

Une définition incertaine : difficulté à donner une définition claire du fait de la double désignation du romantisme une tendance psychologique  et une école littéraire (couvrant 1820 à 1843), interférence entre une tonalité et une doctrine ou un genre

Un mouvement qui accepte les notions de « préromantisme » et de « postromantisme »

L’adjectif « romantique » apparaît au XVIIè en concurrence avec le mot « romanesque » (traduit de l’italien pour désigner ce qui relève du roman, genre familier populaire). En Angleterre désigne l’atmosphère digne des romans de chevalerie, à la fois merveilleuse et naïve. Equivalent qui apparaît en allemand « romantisch » mais sens plus spécialisé (contraire au bon goût, étrange, opposé à la mesure classique). « je considère la poésie classique comme celle des anciens et la poésie romantique comme celle qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques » Mme de Staël.

Apparition du substantif « romantisme » auquel Stendhal préférait « romanticisme » mais difficulté à donner une définition « on sent le romantisme, on ne le définit pas » Mercier

Prélude au romantisme

-       Combinaison de l’esthétique classique et la germination progressive du romantisme dans les cœurs et les têtes

-       Influence de Rousseau et Diderot

-       Auteurs préromantiques « Chateaubriand, Mme de Staël »

-       Influence de l’étranger : naissance dans les littératures du Nord plus ouvertes à la liberté et la sensibilité moins cérébrales et moins imprégnées de classicisme.

-       Echange favorisé par l’ère napoléonienne, rapprochement des cultures et vogue de l’exotisme latin venue d’Italie et d’Espagne

Une crise des esprits

-       « crise dans la conscience européenne » (cf Confession d’un enfant du siècle Musset)

-       Une « jeunesse soucieuse » secouée par les bouleversements politiques se réveille  « assise sur un monde en ruines » - les rêves de gloire ou « d’espérance, d’amour, de force, de vie » sont brisés par la restauration de la monarchie – univers labile et individualiste qui conduit une génération désenchantée à découvrir une souffrance diffuse « le mal du siècle »

-       Refuge du rêve privilégié pour retrouver l’harmonie perdue

La bataille romantique

Les cénacles : tout commence au sein de petits groupes réunis autour d’une publication, d’un lieu ou d’une personne – Cinq foyers majeurs :

·       L’Abbaye aux bois, rue de Sèvres autour de Mme Récamier et de Chateaubriand se réunissent Hugo et Lamartine

·       L’Arsenal : 1824 lieu de rencontre autour de Charles Nodier que fréquentent les habitués du journal « La Muse française » Hugo, Deschamps, Vigny, Dumas, Nerval

·       La rue Notre dame des Champs où a emménagé Hugo en 1827 et où se retrouvent les fidèles de l’Arsenal et des nx Aloysius Bertrand, Muset – on y préparera la bataille de la représentation d’Hernani 25 février 1830

·       Le « petit cénacle » : se constitue à partir de 1829 un groupe de camarades dans l’atelier du sculpteur « Jehan du Seigneur » : Petrus Borel, Alphonse Brot mais on y voit aussi Dumas et Nerval

·       Le Doyenné : le peintre Camille Rogier reçoit avec Nerval et Gautier la « Bohême galante » - on y croise les peintres Delacroix, Corot, Gavarni, Chassériau

- Des groupes composés à partir d’affinités littéraires autant que de convictions politiques les Conservateurs ( Hugo) et les Libéraux (Sainte Beuve) mais frontière mouvante et chgt de cap fréquent.

Théories et manifestes

-       Démarche théoricienne du Romantisme à partir du pamphlet de Stendhal « Racine et Shakespeare » 1823

-       Texte fondateur préface de Cromwell 1827 – théorie philosophico-littéraire :

o   Annonce d’un renouveau poétique fondé sur la réhabilitation du « grotesque »

o   Remise en cause des classifications et des genres

o   Contestation de la règle des unités au théâtre

o   Proclamation de l’absolue liberté dans les diverses expressions de l’art

-       1828 : art nouveau soutenu par Emile Deschamps et Sainte Beuve, remise à l’honneur de la Pléiade qui devient un modèle

-       1833 : réhabilitation des auteurs du début du XVIIè par Gautier

-       Consécration de V Hugo comme chef de file avec la préface d’Hernani et la bataille qui en découle établissant le triomphe de l’esthétique nouvelle

L’esthétique romantique

Les grandes tendances : difficulté de recenser les choix esthétiques de l’école romantique car aspirations communes mais aussi fortes personnalités qui ont marqué leur indépendance et leur originalité. Quelques caractéristiques :

·       Le triomphe de la subjectivité : poésie lyrique (propre à traduire les émotions individuelles, la confidence, l’épanchement), roman ou drame centré su un héros remarquable, de préférence tourmenté, prisonnier de sa mélancolie sentimentale ou de son mal être métaphysique

·       L’exaltation de la souffrance et du malheur : « les plus désespérés sont les chants les plus beaux » (Musset) – maladie morale, source d’inspiration – destinée humaine douloureuse, fardeau de la vie lourd à porter, la mort vue comme une délivrance : une souffrance nommée « mal du siècle » puis « spleen »

·       La création de personnage hors du commun : des figures exceptionnelles (de René à Frédéric Moreau), des êtres exaltés, passionnés, révoltés (Hernani, Antony, Julien Sorel, Vautrin), des créatures abattues, abîmées dans la rêverie (Chatterton, Les héros de Lamartine, Nerval, Musset)

·       La préférence pour une « esthétique du choc » : « genre frénétique » initié par Nodier, exploitant le goût du macabre, de la profanation, de l’intensité (dans les couleurs, les mouvements) du passionné, du dynamisme et de l’expansion de l’être  è courant fantastique

·       L’élargissement spatio-temporel de l’imaginaire : réhabilitation d’époques ou de régions lointaines (le Moyen Age, la Renaissance, les territoires orientaux et méditerranéens) pour échapper à l’étroitesse mesquine de la vie quotidienne, pour entretenir l’évasion l’exotisme, l’héroïsme

·       Le goût de l’absolu et de l’idéal : syncrétisme religieux où cohabitent des rémanences nostalgiques du paganisme et de l’hellénisme, tentation du panthéisme, redécouverte des vertus du christianisme, de ses élus, ses anges et ses martyrs.

·       L’engagement social : l’artiste romantique victime d’un moi souffrant se sent investi d’une mission sociale : rendre l’homme moins malheureux – propension au messianisme, volonté prophétique ou carrément politique (engagement personnel de Chateaubriand, Lamartine, Hugo, George Sand)

·       La promotion de l’écrivain et de sa parole : l’hoe de lettres devient le porte parole de nouvelles idées dans une sté où la culture se démocratise, se fait journaliste  pour toucher un public large mais se réfugie aussi dans l’Art pour l’art, le dandysme ou le satanisme

Les préoccupations artistiques débouchent sur une attitude philosophique et morale, le point de jonction étant l’aspiration à la liberté.

Les formes et les œuvres

-       L’histoire : a conquis une légitimité littéraire après la révolution – renouveau sous deux formes : Le roman historique (influence Walter Scott) et l’historiographie (Michelet, Tocqueville) qui impose une vision lyrique et scientifique de l’histoire

-       Le théâtre : impose un nouveau genre « le drame » à partir du  théâtre bourgeois du XVIIIè, du mélodrame, des modèles étrangers (Shakespeare, Calderon, Schiller), naissance du drame romantique (Hugo, Vigny, Dumas, Musset), résume à lui seul l’esthétique romantique :

o   Mélange des genres et le refus des limites (dilatation du temps, de l’espace, multiplication des actions)

o   Des sujets tirés de l’histoire (notamment la Renaissance)

o   Le goût de la grandeur et de l’intensité (faste du spectacle, force des passions)

o   Le choix de personnages remarquables (par leurs talents personnels, leur individualisme farouche, leur destin douloureux)

o   Le message philosophique, politique ou moral, la scène devenant une tribune où l’on s’adresse au peuple

o   Une réforme du langage dans le sens de la vérité et de la modernité sans réalisme cru toutefois « le drame est un miroir où se réfléchit la nature » Hugo Préface de Cromwell – la prose l’emporte sur le vers (en théorie)

o   Selon Anne Ubersfeld, c’est une révolution « historique », « technique », « philosophique »

o   Quelques œuvres : Ruy Blas Hugo 1838, Léo Burckhart Nerval 1839, Antony Dumas 1831, Lorenzaccio Musset 1834

-       La poésie : place prédominante,  à partir de 1820 Les Méditations de Lamartine, trois tendances :

o   Le lyrisme : tonalité dominante, expression de la vague des passions, du dégoût  de la vie, du complicité avec la nature « la poésie c’est le chant de l’intérieur » Lamartine

o   L’épique : mû par un rêve messianique et un penchant pour l’histoire, constructions inspirées des mythes païens ou chrétiens qu’il exprime grâce aux ressources du modèle antique de l’épopée (Poèmes antiques et modernes de Vigny, Jocelyn de Lamartine, Légende des siècles de Hugo)

o   Le symbolisme : plongée dans les arcanes de l’irrationnel et du mysticisme « illuminisme » illustré par Nerval, Gautier et un romantique tardif Baudelaire

o   Renouvellement du langage et des formes

o   Recherche de la sincérité, de la vérité, de la sensibilité authentique

o   Une poésie libérée de la rhétorique et des tabous lexicaux

-       Le roman : genre le plus représenté, diverses tendances :

o   Le roman psychologique : René Chateaubriand 1802, Delphine et Corinne de Mme de Staël 1802 1807, Adolphe de Benjamin Constant  1802 La Confession d’un enfant du siècle Musset 1836

o   Le roman social et populaire qui aime à peindre les humbles, leurs sentiments et leur vie : Lamartine le Tailleur de pierres de St Point 1851 Georges Sand La Mare au diable 1846, Eugène Sue Les Mystères de Paris 1842 43, Hugo Les Misérables 1862

o   Le roman « réaliste » qualificatif ambigu car il annonce une école à venir mais adapté à la production de Stendhal, peintre de la vie sociale et politique le Rouge et le Noir 1830, Balzac  La Comédie humaine qui brosse un tableau saisissant de la société de son temps

o   Le récit fantastique : souvent conte ou récit bref et s’inspire du conteur allemand Hoffamann – Charles Nodier Smarra1821, Mérimée la Vénus d’Ille 1837, Gautier La morte amoureuse 1844, Nerval Aurélia 1865

Survivances et prolongements

-       Le romantisme se prolonge au-delà de l’échec des Burgraves (1843) entre 1843 et 1869 période du « second romantisme », inflexions réaliste, positiviste, critique, objectiviste.

-       Leconte de lisle, Renan, Baudelaire, Flaubert représentants de la désillusion et du pessimiste descendants de leurs prestigieux aînés mais représentants de « la première génération de l’époque moderne »

-       Chevauchement de deux tendances « postromantisme »

-       Changement des mentalités, des comportements, des préoccupations qui intègre les aspirations précédentes et les dépasse

-       Considéré comme le pendant sombre du Classicisme, le Romantisme est devenu une catégorie esthétique et psychologique qui transcende l’époque où elle a pris corps our se diffuser dans l’ensemble de la production littéraire

-       Les apports du Romantisme :

o   Appétit de liberté : formes novatrices et langage affranchi de contraintes

o   Elargissement des limites de l’inspiration

o   Confiance dans les pouvoirs de la plume et du verbe : l’écrivain n’est plus un simple artiste réduit à peindre le monde

LE PARNASSE

Naissance du Parnasse : mvt à la fondation datée, histoire, activité de groupe, orientations esthétiques précises – naissance en 1866 date de parution du premier volume de l’anthologie poétique Le Parnasse contemporain, fin du mvt 10 ans plus tard à la parution de la parution du 3ème volume mais origines plus lointaines et développement diffus et durable

Le nom : référence à une montagne de Phocide en Grèce près de Delphes où résidaient d’après la mythologie les neuf muses sous la conduite d’Apollon. Désigne un lieu de réunion des poètes – patronage revendiqué de la muse poétique et de la tradition grecque par les initiateurs du projet Catulle Mendès et LX de Ricard

Du Romantisme au Parnasse : prolonge et conteste le Romantisme – les gds noms du Parnasse se situent dans un mvt « pré Parnasse » : Hugo (préface Les Orientales 1829 : « un livre inutile de pure poésie jeté au milieu des préoccupations graves du public »), Gautier, Banville, Baudelaire, Leconte de Lisle.

Précurseur : Théophile Gautier 1811 1872 – refus  de participer à l’implication sociale de ses contemporains romantiques dédaignant les épanchements lyriques : souhait de fonder une poésie qui n’ait pour finalité qu’elle-même et qui se caractériserait par le simple culte de la beauté et de la forme cf Préface de Melle de Maupin 1834 « il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ». Principes mis en œuvre dans le recueil Emaux et Camées 1832 qui contient le poème L’Art sorte d’art poétique

Banville 1823 – 1891 Les Cariatides est très imprégné de Romantisme mais se prononce pour une poésie formellement recherchée mais teintée d’humour et de sublime

Baudelaire 1821 – 1867 dédie ses Fleurs du Mal au « poète impeccable » qu’est Théophile Gautier s’est reconnu dans l’Art pour l’Art et a donné en 1866 16 poèmes au Parnasse contemporain. Sans renier l’héritage romantique, sans renoncer à célébrer la « modernité » il est convaincu que l’art n’a rien à enseigner, rien à démontrer sinon à procurer une émotion de l’âme et du cœur.

Leconte de Lisle  1818 1852 : Poèmes antiques, recueil teinté d’hellénisme influencé par Chénier offrant une poésie rigoureuse dépourvue de toute effusion lyrique. Poèmes barbares 1862 confirme ces tendances et imposent un modèle de poésie impersonnelle, formellement parfaite, préparation des œuvres des futurs Parnassiens.

Histoire du Parnasse :

Les années fastes 1861 1876 : souhaite de prolonger et élargir les principes de l’Art pour l’Art – naissance de la Revue fantaisiste en 1861 qui publie des poèmes de Gautier, Banville, Baudelaire – permet de souder un groupe d’où émergera l’école parnassienne – parution du 1er volume de l’anthologie Le Parnasse contemporain 1866

Le déclin 1876 1893 : après la guerre de 1870 l’école devient contestée, se réduisant à être un label d’édition. Dernier recueil parnassien Les Trophées de José Maria de Heredia 1893.

Poétique du Parnasse :

Esthétique parnassienne définie davantage à partir des œuvres que des manifestes :

·       Le culte du travail : la poésie est un art qui réclame l’apprentissage d’une technique et l’exigence de l’effort. A l’inspiration romantique, ils opposent la vertu plus humble du travail poétique .  (référence au minéral // avec le travail du sculpteur « je suis belle ô mortel comme un rêve de pierre ») – réhabilitation des formes fixes (sonnet,madrigal, rondel), revendiquent les contraintes jugées fécondes

·       La religion du beau : grâce à la perfection formelle peut être approchée l’irréprochable beauté, idéal parnassien – visent l’équilibre des formes cf La Beauté de Baudelaire « je hais le mvt qui déplace les lignes et jamais je ne pleure jamais je ne ris »

·       Création d’une aristocratie du goût, mépris du bourgeois : un poète à la fois bohème et dandy (indifférent à l’argent, à la politique, aux progrès scientifiques), un art pur fondé sur l’érudition et la maîtrise technique

·       L’impassibilité : refus du lyrisme, poésie impersonnelle ou objective, refus des effusions exaltées ou impudiques – inspiration neutre, distanciée, nourrie d’exotisme ou du froid héritage mythologique, dominée par la description et le pittoresque

·       Des exigences élevées qui suscitent la réaction venue d’esprits subversifs : les Décadents, les Symbolistes

Le Réalisme

Essais de définitions

Le mot et la notion : terme qui apparait au début du XIXème siècle, formé à partir du latin tardif « realis », dérivé de « res » la chose. Définition du Littré en 1869 « En termes d’art et de littérature, attachement à la reproduction de la nature sans idéal. Le réalisme dans la poésie, dans la peinture ». Mais depuis Aristote, toute œuvre d’art repose sur l’imitation (la mimésis).

L’art ne saurait être la stricte représentation du monde : il en est la reproduction, sa figuration, sa recomposition artificielle au moyen de codes. Pour Platon, tout art est reflet, illusion, et à ce titre « idéaliste » alors que les Idées seules peuvent être vraies.

Définition restreinte proposée par Colette Becker : « Le terme de réalisme s’oppose à celui d’idéalisme, avec lequel il forme antithèse. Il en arrive à définir la réaction qui s’est produite au cours des siècles contre la littérature officielle et les canons en usage »

Le Réalisme correspond donc à un besoin de la vérité et s’oppose à une autre tendance qui souhaite donner une vision flattée, embellie ou déformée de la réalité.  Ancêtres du Réalisme : Rabelais, Marguerite de Navarre, Romanciers du XVIIIè tels Marivaux, Lesage et Diderot.

L’école réaliste

Le Réalisme désigne en France un mouvement qui a pris naissance au moment de la révolution de 1848et s’achever aux environs de 1870 (1865 pour Colette Becker lors de la parution de Germinie Lacerteux) –

Réalisme littéraire accompagné d’un Réalisme pictural d’où viendrait le nom choisi par l’école et appliqué à Courbet dont l’œuvre marquerait l’irruption du « réalisme dans l’art ».

Deux théoriciens Champfleury et Duranty : « le mot Réalisme, un mot de transition qui ne durera guère plus de trente ans, est un de ces termes équivoques qui se prêtent à toutes sortes d’emplois et peuvent servir à la fois de couronne de lauriers ou de couronne de choux » mais rejet de l’étiquette par Duranty et Courbet.

Duranty fonde un journal littéraire « Réalisme », Champfleury publie un ouvrage le Réalisme, Courbet choisit Du Réalisme comme titre de son exposition de 1855.

Aux origines du Réalisme

Le contexte historique et culturel : fortement lié à l’histoire : début de la 2ème république 1848 et fin du Second Empire 1870 : alternance d’une période de libéralisme euphorique (suffrage universel, liberté de la presse, abolition de l’esclavage) et un temps de réaction conservatrice à l’origine du coup d’état de LN Bonaparte en 1851 qui mènera une politique autoritaire marquée par le recul des libertés è la littérature réaliste déçue dans ses espérances a tenté de servir les valeurs démocratiques. Née d’une désillusion politiuqe, elle solde l’effondrement de l’idéalisme romantique.

Grandes mutations sociales : montée spectaculaire des valeurs de l’argent, créations d’organes financiers, réussite économique, spéculation foncière qui transforme les villes, progrès technologiques qui assurent le succès de la bourgeoisie et accroissent la misère du prolétariat. Succès de la science en médecine (Claude Bernard), en biologie, en physique, philosophie positiviste (Auguste Comte), réflexion de Renan (l’avenir de la science 1848) : promesses de la modernité

Littérature touchée par ces brutales mutations, par le mythe du progrès, exploration de nouveaux domaines de la vie moderne, dénonciation des effets pervers de la nouvelle société. Le Réalisme se fixe comme ambition d’être le fidèle témoin de ces bouleversements. De Flaubert à Zola, les questions historiques et sociales deviendront le support naturel du roman.

Les précurseurs

Stendhal : souhaite donner au roman des allures de chronique en réclamant « la vérité, l’âpre vérité », sujets pris dans l’actualité la plus récente ou empruntés aux faits divers, traités avec rigueur voire sècheresse. Aucune glorification du personnage, aucune peinture épique des combats, aucune vision allégorique de la guerre (Fabrice à Waterloo)

Balzac : a souhaité brossé dans sa Comédie humaine « le tableau exact des mœurs » en choisissant de décrire des figures représentatives de Paris et de la province ainsi que les milieux dans lesquels ils évoluent. Appuie son observation sur des fondements scientifiques empruntant au physiologiste Geoffroy Saint Hilaire ou aux physiognomonistes Gall et Lavater.  A pour ambition de donner une impression de vérité en s’appuyant sur la vie réelle, longuement décrite, à l’aide de détails (des éléments crédibles et révélateurs des passions qui mènent le monde)

Selon Colette Becker « c’est à Stendhal et surtout à Balzac que le Réalisme est redevable de sa simple volonté de dépsser la simple description de la société pour en démonter les mécanismes. »

La Bataille réaliste - Combat qu’il mène contre le Romantisme

Les œuvres réalistes : s’exprime dans le roman avec deux noms essentiels Champfleury et Duranty, théoriciens combattifs mais romanciers médiocres. On peut y rattacher Flaubert (Emma Bovary, 1857 L’Education sentimentale 1869 Un cœur simple 1877 : dans ces œuvres Flaubert se présente comme un observateur minutieux de la réalité : intrigues contemporaines empruntées à l’histoire récente ou aux faits divers, démystification de l’idéalisme romantique, gommage des effets du romanesque, appui sur une documentation scientifique, ironie pour se détacher de ses personnages, souhait d’atteindre l’idéal de l’absence de l’auteur dans son texte (en réalité impossible) – condamnation en justice de Madame Bovary pour « réalisme grossier et offensant pour la pudeur »

Les Goncourt rangés dans l’école réaliste malgré « l’écriture artistes » peu compatible avec la sobriété réaliste.  Préface de Germinie Lacerteux qui résonne comme un manifeste du Réalisme au moment où le mvt décline et sera remplacé par le Naturalisme. Conception du roman à valeur documentaire mettant en scène les déshérités de la société.

L’esthétique réaliste :  Principales caractéristiques

·       Opposition à l’idéalisme romantique : plus de rêveurs qui ignorent le monde et exaltent leur moi souffrant

·       Rejet d’une littérature du passé : privilégie le présent, l’histoire contemporaine, la réalité du jour

·       Elargissement de la littérature aux classes inférieures (domestiques, ouvriers, petits employés, étudiants) ; volonté de servir le peuple et la démocratie

·       Priorité accordée à la vérité, même crue, même laide. On privilégie le document à l’imagination, la simplicité démonstrative à l’allégorie recherchée, l’objectivité au parti pris

·       Le refus du style qui éloigne du réel, la prose réaliste doit être froide, simple

·       « mise à mal du héros et de l’intrigue. Le roman tend à devenir une simple monographie, une page d’existence, le récit d’un fait unique, sans dénouement ni même de coup de théâtre » (colette Becker)

A préparé le mouvement naturaliste.

Le Naturalisme

Les origines de l’école

Le mot et le concept : reprend un gd nombre de principes du Réalisme, s’incarne essentiellement dans un homme Zola qui en est le théoricien, l’animateur et l’illustrateur.

Traditionnellement situé entre 1865 (parution de Germinie Lacerteux) et 1891 date de l’Enquête sur l’évolution littéraire de Jules Huret

Terme retrouvé en 1584 chez le penseur politique Jean Bodin puis au XVIIè appliqué au domaine de l’histoire naturelle,  surtout au XVIIIè , époque où tout ce qui touche la nature devient fondamental.

Le mot « naturalisme » dérivé de naturel désigne pour les Lumières une philosophie qui fondée sur l’observation et le respect de la nature, confère à celle-ci une valeur sacrée et transcendantale. Cf Diderot dont le matérialisme panthéiste est perceptible dans de nombreuses œuvres.

Au XIXè siècle, le terme « naturaliste » entre dans le domaine des arts et de la littérature et on le retrouve sous la plume de Baudelaire « Balzac est (…) un romancier, un savant, un inventeur et un observateur, un naturaliste… » Salon de 1874

Dans la critique picturale le mot entre en concurrence avec « réalisme » pour désigner un art qui se préoccupe de reproduire la réalité immédiate et en ce sens appliqué à Courbet. Zola s’empare de ce mot en 1865 et le commente dans la Préface de Thérèse Raquin 1867 dans une acception strictement littéraire. Pour lui le terme désignera une attitude intellectuelle.

« c’est la volonté d’observer de façon purement scientifique en vue de les représenter dans une œuvre littéraire, des caractères et des comportements humains, de la même façon qu’un savant naturaliste étudie objectivement une roche, une planche ou un animal » G. Bafaro

 Les influences : le Naturalisme est le produit d’une époque éprise de science, de rationalisme, de déterminisme – modèles se situant du côté de la science : Claude Bernard, Docteur Lucas, Darwin, du côté de la philosophie Schopenhauer dont le pessimisme contaminera toute une génération, Taine et Renan.

Grande influence de Taine que Zola citera en épigraphe de Thérèse Raquin « Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre » (applique une méthode scientifique à la connaissance philosophique et morale, étudie au moyen du déterminisme psychologique des auteurs comme La Fontaine, Stendhal, Balzac. Renan transmet à son époque sa confiance absolue dans la science.

Situation du Naturalisme

Historique : structuration de l’école naturaliste autour de Zola puis épanouissement et déclin en trois phases (selon Colette Becker) :

-       La formation 1865 1876 : reconnaissance progressive de Zola comme le maître de la nouvelle école. Il se rapproche d’écrivains qui partagent ses conceptions comme les Goncourt, Flaubert, Tourgueniev, Daudet

-       L’âge d’or 1876 1884 : constitution d’un groupe qui prend le nom de Médan, ville où Zola possède une maison : Paul Alexis, Henri Céard, Léon Hennique, JK Huysmans, Octave Mirbeau, Maupassant qui rejoindra le groupe. 2 évts importants : le dîner Trapp, forme d’officialisation du mvt avec l’invitation solennelle faite à Flaubert le 16 avril 1877 et la publication en 1880 d’un recueil collectif de récits Les Soirées de Médan

-       L’éclatement 1884  1893 : divergences et remise en cause de l’autorité du maître – Manifeste des Cinq, diatribe violente contre le roman de Zola la Terre qui lui reproche d’être « descendu au fond de l’immondice », de « s’embourber dans l’ordure », de cultiver « des manies de moine solitaire »

Les œuvres naturalistes

-       Hégémonie du genre romanesque : Zola imagine un roman social, humaniste qu’il nomme « roman expérimental » 1880. Veut appliquer à la littérature le modèle théorique fourni par l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard. Il veut un romancier à la fois « observateur » et « expérimentateur » ; la rédaction du roman doit être précédé d’un dossier préparatoire nourri de lectures, de visites, de rencontres, de vérifications

-       Maupassant , disciple de Flaubert et ami de Zola 1850 1893 publie six romans Une Vie 1883, Bel Ami 1885, Pierre et Jean 1888 – long texte qui précise sa position sur les nouvelles écoles dont il mesure les limites en ouverture de P et J « le réaliste s’il est un artiste, cherchera non pas à nous monter la photographie banale ou à nous en donner la vision plus complète plu saisissante, plus probante que la réalité même. Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai… »

-       Alphonse Daudet , conteur plein d’humour et observateur talentueux de la vie sociale « Jack » 1896, Octave Mirbeau pamphlétaire et dramaturge connu pour le Journal  d’une femme de chambre, Jules Vallès, esprit indépendant et libertaire dont l’écriture peut être rapprochée de celle des naturalistes L’Enfant 1879. Huysmans assortit son « naturalisme » de mysticisme et d’humour ; premiers romans proches de Zola puis A Rebours 1884 modification intégrant les apports du symbolisme, du décadentisme, de l’occultisme.

 

L’esthétique natualiste

La « méthode » naturaliste : avt d’être une école, le Naturalisme se présente comme une attitude devant la réalité « une méthode de penser, de voir, de réfléchir, d’étudier, d’expérimenter, un besoin d’analyser pour savoir mais non une façon spéciale d’écrire » Paul Alexis

-       Affirmation d’un engagement moral, social et philosophique concilié à une dimension esthétique : « une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament » Zola 1866 – le naturaliste sera un observateur objectif mais jamais dépourvu de caractère.

-       « le naturalisme est donc prisonnier d’une double postulation qui l’écartèle et le ruine ; une méthode qui dissout le littéraire dans le champ expérimental de la science, une pratique qui l’installe dans sa spécificité » Daniel Couty

Les pratiques d’écriture

Grands principes du Naturalisme :

·       « Prendre les faits dans la nature » Zola

·       S’imposer une démarche scientifique en commençant par procéder à une enquête rigoureuse

·       Refuser l’idéalisme et les conventions

·       Célébrer les valeurs laïques et républicaines

·       Réhabiliter les figures populaires et obscures…

Objectifs proches de ceux du Réalisme ont eu pour conséquence d’entraîner des choix stylistiques : l’écriture artiste des Goncourt ou de Huysmans (gde recherche lexicale, terminologie scientifique, néologismes, archaïsmes – large recours à la description lexicographique (accumulation comme dans un catalogue) ou impressionniste (choix d’un élément pittoresque dans un ensemble)

Refus des intrusions d’auteur qui rompent l’illusion romanesque : choix d’un personnage anti héroïque qui voit et orient l’action, la juge aussi. Préoccupation davantage pour le milieu que pour l’action. Souci du réel qui conduit à juger le style secondairement

Les thèmes dominants :

·       Le roman de l’artiste (Manette Salomon des Goncourt, Sapho de Daudet, A rebours Huysmans, L’œuvre Zola)

·       Le roman de la prostitution : Marthe de H, la Fille Elisa G, Nana  Z, Boule de Suif M

·       Le roman militaire : Le Calvaire Mirbeau, La débâcle Zola, Les Contes du Lundi Daudet, Mademoiselle Fifi Maupassan

·       L’argent et l’hypocrisie, les histoires de ratés, la maladie et l’hérédité, la misère sociale, la ville et la nature  (d’après Colette Becker, thèmes communs au Réalisme)

Déclin et bilan

Le Réalisme et le Naturalisme conservent à nos yeux le mérite d’avoir pour la première fois invité des écrivains à une révision des valeurs pour une prise de conscience personnelle et profonde.  Pierre Cogny

Le Symbolisme

Aux origines du symbolisme

Un courant éternel : terme ambigu qui désigne à la fois une tendance profonde  et lointaine (celle d’un idéalisme poétique inspiré de Platon) et une école littéraire qui s’est développée entre 1880 et 1900.

A l’origine est le mot « symbole » terme tiré du grec qui signifie action de lancer en mm tps ou de rassembler un objet partagé en deux, enfin la rencontre fortuite entre deux objets. A partir de ce sens, le symbolisme va désigner l’attitude qui consiste à assurer un passage entre un modèle et sa représentation, une transposition concrète de l’abstrait au concret.

Appliqué à l’art il va recouvrir l’idée de mystère – la réalité du monde n’est pas donné directement – et de langage secret – moyen d’accéder à un sens caché. De là une esthétique d’essence spiritualiste et métaphysique qui s’accorde à la poésie chargée d’atteindre l’au-delà des apparences par des voies indirectes et souvent oniriques.

Le symbolisme en tant que concept et école, s’oppose au Parnasse, au Réalisme, au Naturalisme ou au Positivisme .

Les précurseurs : trois noms majeurs Hugo, Nerval, Baudelaire.  Dans la préface de ses Odes 1822, Hugo insistait sur la vocation magique e la poésie. « le monde de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal », idée reprise régulièrement par le poète et appliquée dans les recueils suivants.

Nerval qui a souhaité explorer les zones troubles du rêve « le rêve est une autre vie » « le monde des esprits s’ouvre pour nous » Aurélia, se propose de mettre en parallèle les événements vécus et le monde surnaturel de l’imagination. Les objets, les gestes, les rencontres se chargent alors d’une force symbolique.

C’est Baudelaire qui peut être considéré comme le véritable précurseur du mouvement actuel. Il mérite l’étiquette symboliste pour avoir tenté de pénétrer le sens caché de la vie en interprétant « les confuses paroles » qui parlent à l’homme «à travers des forêts de symboles » (Correspondances). Il a perçu l’analogie entre la spiritualité des idées et l’évidence des sensations.

La poésie ne sera plus représentation du monde mais recréation esthétique et transposition musicale.

Une étape nécessaire, la Décadence

-       Climat de désillusion et de pessimisme au lendemain de la débâcle de 1870 et de l’épisode de la Commune. Les jeunes poètes se détournent du Parnasse et du Naturalisme pour se réfugier dans la contestation ou la dérision. Des groupes éphémères se forment et se réunissent à St Germain ou à Montmartre (le Chat noir).

-       Formation du groupe Les Décadents, figure emblématique Jules Laforgue 1860 1887 qui exprime un pessimisme mélancolique, une vision tragique de l’existence tempérés  par l’humour et l’ironie.

-       Huysmans élabore uen figure emblématique de l’esthète décadent dans son roman raffiné A rebours 1884

-       Tentatives de théoriser et de créer une véritable école littéraire qui n’aboutissent pas

L’Ecole Symboliste

La naissance du mouvement :

-       Mot imposé par le poète Jean Moréas qui publie un manifeste littéraire en 1866 dans le Figaro où sont définis les contours de la nouvelle esthétique : « la poésie symbolique cherche à vêtir l’idée d’une forme sensible qui néanmoins ne serait pas son but à elle-même » puis reprise des fondements par René Ghil et Mallarmé

-       Nouvelles revues qui accueillent les productions symbolistes, mvt qui se développe en Belgique (Verhaeren, Maeterlinck)

Les poètes symbolistes

-       Grands créateurs du Symbolisme se situent en marge de l’Ecole : Mallarmé, Verlaine, Rimbaud

-       Mallarmé considéré comme le chef de file bien qu’il s’en défende, réunion dans son salon des artistes qui débattent des questions poétiques. Pour lui la poésie n’a pas à dire mais à suggérer, à recréer l’essence des choses. Les mots doivent retrouver un sens originel, précéder le sentiment, faisant du poème un assemblage musical dense et recherché

-       Verlaine à la fois proche du Symbolisme et même des Décadents et à l’écart. Recours au symbole discret, recherche lexicale loin de sa conception d’une poésie simple et familière – influence par sa fantaisie verbale, son sens du rythme et de la dissonance, son souci de musicalité

-       Rimbaud comète de la littérature, fréquente les milieux symbolistes sans s’y intégrer – goût de la provocation qui le rapproche des Décadents mais volonté de découvrir de nx horizons poétiques loin du réel le rapproche des tendances symbolistes « le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » : son sonnet les Voyelles est considéré comme une application mystérieuse du jeu des correspondances et des analogies symboliques.

-       Lautréamont Les Chants de Maldoror 1868 1869 long poème en prose chargé d’humour, de révolte et d’hallucinations métaphoriques peut être rattaché au mvt symboliste

-       Vrais représentants de l’école symboliste : poètes moins connus Jean Moréas, Henri de Régnier, Emile Verhaeren, Maurice Maeterlinck et André Gide. D’autres poètes plus indépendants gravitent autour du mvt comme Charles Cros, Tristan Corbière

L’esthétique symboliste – la théorie introuvable

-       Pas de textes théoriques rigoureux, difficulté à définir précisément le symbolisme : quelques tendances dominantes

-       La mission du poète : mission élevée d’atteindre les zones secrètes de la beauté. Mystique, « voyant », prophète, il accède à une transcendance située au-delà du sensible. A l’écoute d’un mystérieux chant intérieur, il est métaphysicien et esthète, voué au culte élitiste du beau.  Fréquente l’occultisme, apprécie les légendes antiques et médiévales, cultive les mythes germaniques (Wagner), réhabilite les personnages sataniques et les figures blasphématoires

-       La recherche formelle : musicalité pour rendre à la poésie son pouvoir de suggestion (cf Art poétique de Verlaine : De la musique avant toute chose/Et pour cela préfère l’impair/ Plus vague et plus soluble dans l’air/Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ; recours au vers libre pour plus de souplesse et de liberté – recours à l’alexandrin mais en concurrence avec d’autres mètres  - suppression de la rime, remplacée par l’assonance – effets d’écho intérieur et d’allitération

-       Une langue neuve : pour le Symbolisme le mot est investi d’une valeur particulière, plus musicale et évocatrice que sémantique – recours à une langue pure et recherchée : phrase symboliste constituée de mots rares, précieux, rendus à leur sens originel, syntaxe disloquée, elliptique, lire. Le poème n’est pas à raconter, à signifier, il est assemblage de sons et de rythmes, labyrinthe de mots. La langue poétique devenue énigme est comprise des seuls élus.

Prolongement et déclin

-       Récit et peinture : Le Symbolisme touche aussi le roman : Les Diaboliques de Barbey d’Aurevilly 1874, L’Eve future de Villiers de L’Isle Adam 1883 – En peinture, représenté par Gustave Moreau

-       Le drame symboliste : conception d’un théâtre essentiellement poétique, délivré de l’anecdote et de la réalité quotidienne, restaurant les droits au rêve et à la suggestion – origine dans le drame wagnérien, influence du théâtre scandinave Ibsen et Strindberg. Le drame symboliste récupère l’aspiration idéaliste, voire mystique, le souci d’une langue recherchée et poétique, l’atmosphère onirique voire surnaturelle. Pelléas et Mélisande de Maeterlinck 1892, Tête d’or de Claudel 1890

L’effacement du symbolisme

-       Une conception qui aboutit à l’hermétisme, dislocation du vers, rupture avec la vie et la nature

-       Changement du climat intellectuel et social à la fin du siècle, affaire Dreyfuss

-       Néo symbolisme : Apollinaire, Valéry, Claudel, Gide, les écoles cubisme, Dada, Surréalisme lui empruntent son désir de libération, son aspiration à plonge dans les arcanes de l’étrange

 

LE VINGTIÈME SIÈCLE

 

 

LE SURRÉALISME

 

1. Généalogie du mouvement :

 

Le surréalisme se présente comme un authentique mouvement littéraire.

Date de naissance

Chef de file

Membres agréés

Théories exprimées dans des manifestes

Philosophie

Déclin et fin officielle

 

Sources lointaine et immédiates :

Dans son manifeste de 1924, Breton s’efforce de trouver une ascendance à son mouvement et propose une liste d’écrivains et poètes jugés surréalistes avant l’heure.

Courant précurseur   : la littérature symboliste et sa volonté de chercher la poésie au-delà de la chose montrée.

Mais aussi le romantisme allemand, le roman noir, la littérature fantastique, la philosophie hégélienne. Les poètes « voyants » : Nerval, Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Mallarmé, Rimbaud.

 

Le mot « surréalisme » est emprunté à Apollinaire :

« Quand l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a ainsi fait du surréalisme sans le savoir. » (Les Mamelles de Tirésias, 1917)

 

Breton définit le surréalisme, dans un style de dictionnaire :

« SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soir par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

 

Antimilitarisme, « défaitisme de guerre ».

Breton, Aragon, Soupault, fondateurs historiques du Surréalisme, gardent un souvenir horrifié de la guerre.

 

Dada : Tristan Tzara fonde en 1916 un mouvement de révolte et de négation, Dada, qui par son vœu de stérilité littéraire contient en lui-même sa propre condamnation.

Les surréalistes lui empruntent son sons du scandale, son refus de la littérature traditionnelle, sa haine de la société bourgeoise, mais dépasse le mépris de l’écriture affiché par le Dadaïsme pour dessiner sa voie propre : celle de la libération du langage et des forces imaginaires.

 

2. Histoire du surréalisme

 

L’heure des manifestes (1920-1930)

 

1919 : Champs magnétiques, cosigné Breton, Soupault

Revue Littérature

1924 Revue La Révolution surréaliste

Le manifeste de Breton, qui résume les positions et les objectifs du mouvement.

 

Le groupe se constitue autour de Breton, Aragon, Eluard, Soupault et Jacques Baron, Robert Desnos, Benjamin Péret, Max Ernst, Roger Vitrac, Antonin Artaud, André Masson, Pierre Naville.

Tentatives pour consolider les assises du groupe et dissensions (notamment politiques autour du rapprochement avec le PC)

 

1929 : Second Manifeste, publié dans la revue La Révolution surréaliste.

Le surréalisme reste fidèle à sa vocation révolutionnaire mais prend ses distances par rapport à l’idéologie marxiste. Objectif : « l’insoumission totale ».

Priorité des valeurs poétiques, métaphysiques et éthiques.

Mais excommunications (Soupault, Artaud), conversion d’Aragon au communisme en 1930.

 

Des conflits au déclin ( 1930-1969)

1930-1939 : période de ruptures

La guerre entraîne l’éclatement du groupe surréaliste : au sortir de la guerre, toute réconciliation devient impossible, mais d’autres combats ou d’autres aventures attestent la survie du mouvement (exposition internationale du surréalisme en 1947, nouvelles revues (Néon), nouveaux poètes (Jean-Pierre Duprey).

Breton disparaît en 1966. Trois ans plus tard, Jean Schuster annonce dans Le Monde la mort du surréalisme « historique ».

 

3. La révolution surréaliste :

 

Révolution :

·       groupe animé par un désir de révolte (contre l’ordre bourgeois, contre les œuvres périmées, contre les artifices littéraires)

·       Mode de pensée, méthodes de création, primat de la liberté artistique bouleversent les conception


Date de création : 04/12/2015 º 18:44
Dernière modification : 04/12/2015 º 18:44
Catégorie : HISTOIRE LITTERAIRE
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Dernières nouvelles

LE NOUVEAU LYCEE 

 

 

1. La grille horaire de la nouvelle classe de seconde générale et technologique (mise en œuvre à partir de septembre 2019) :
                                                    

 

ENSEIGNEMENTS Horaires élèves
   
Enseignements communs  
Français 4 H
Histoire-géographie 3 H
Langue vivante A et Langue vivante B (1) (a) (b) 5 H 30
Sciences économiques et sociales 4 H
Physique-chimie 3 H
Sciences. de la vie et de la Terre 1 H 30
Education physique et sportive 2 H
Enseignement moral et civique  0 H 30
Sciences numériques 1 H
 Mathématiques 4 H
Accompagnement personnalisé (c)  
Education au choix de l'orientation : 54 H/an
Heures de vie de classe 10 H/an
   
Enseignements optionnels  
   
1) Un enseignement général au choix parmi :  
Langue et culture de l'Antiquité : latin (e) 3 H
Langue et culture de l'Antiquité : grec (e) 3 H
Langue vivante C (a) (b) 3 H

Arts (au choix : arts plastiques ou cinéma-audiovisuel ou danse ou histoire des arts ou musique ou théâtre) :

3 H
Education physique et sportive 3 H
Arts du cirque 6 H
Ecologie-agronomie-territoires-développement durable (d) 3 H
   
2) Un enseignement technologique au choix  parmi :  
Sante et social 1 H 30
Biotechnologies 1 H 30
Sciences et laboratoire 1 H 30
Sciences de l'ingénieur  1 H 30
Créations et innovations technologiques 1 H 30 
Création et culture design 6 H
Hippologie et équitation (d) 3 H
Pratiques sociales et culturelles (d) 3 H
Pratiques professionnelles (d) 3 H
   
Atelier artistique :  72 H/ an
   

(1) Enveloppe globalisée

(a) La LVA ou B peut être régionale

(b) Enseignement auquel peut s'ajouter une heure avec un assistant de langue

(c) Volume horaire déterminé selon les besoins de l'élève

(d) Enseignement assuré uniquement dans les lycées généraux et technologiques agricoles

(e) Les enseignements optionnels de Langue et culture de l'Antiquité latin et grec peuvent être choisis en plus des enseignements optionnels choisis par ailleurs

Quelques observations :

  1. Cette grille confirme la disparition des enseignements de détermination en tant que tels. De ce fait, certains d'entre eux apparaissent désormais en tant que faisant partie des enseignements communs (les SES), d'autres en tant qu'enseignements optionnels au choix (c'est le cas de l'ensemble des enseignements technologiques).
     
  2. On ne manquera pas d'être surpris par la disparition de l'enseignement d'économie et gestion en seconde GT, alors que cet enseignement et la série STMG sont maintenus en première et terminale ainsi qu'on peut le voir dans les grilles d'horaires de ces deux autres niveaux du lycée. Explication la plus probable : on se dirigerait vers un programme de SES en seconde qui intégrerait les deux , et supposerait une collaboration des professeurs des deux disciplines. Certains pensent qu'il a aurait un simple oubli qui ne va pas tarder à être corrigé. Nous n'y croyons guère à ce stade de l'élaboration des textes. Une réplique des professeurs de sciences économiques et sociales - qui sont majoritaires à y voir une dénaturation de leur enseignement - est promise. C'est là un aspect très sensible de cette réforme. Les choses pourraient donc bouger dans les semaines qui viennent.
     
  3. Il y a un autre grand absent dans cette grille horaire : l'enseignement des "Sciences et technologies de l'hôtellerie et de la restauration" (STHR). Cela s'explique par le fait que cette filière technologique est dite "spécifique", ce qui signifie qu'elle commence par une classe de seconde technologique pré spécialisée. Ce principe est maintenu : il y aura encore des "secondes technologiques spécifiques STHR". Le projet de grille horaire figure en annexe du projet d'arrêté. Il en ira très probablement de même pour l'actuelle "seconde technologique spécifique Techniques de la musique et de la danse", dont par contre la future grille horaire n'est pas annexée à ce projet d'arrêté. Cela viendra sans doute ultérieurement.
     
  4. On ne parle plus de LV1/2/3 mais de LVA/B/C. Ce n'est pas un changement majeur, mais c'est à souligner
     
  5. Il est annoncé par l'article 5 de ce projet d'arrêté, et dans cette grille horaire, qu'en ce qui concerne les heures dévolues à l'accompagnement personnalisé, le volume horaire sera "déterminé selon les besoins de l'élève". Toujours dans l'article 5, il est précisé que "l' AP en classe de seconde est destiné à améliorer les compétences scolaires des élèves dans la maîtrise écrite et orale de la langue française et en mathématiques". Cela s'ajoute donc aux 54 heures annuelles spécifiquement dévolues à l' "éducation au choix de l'orientation". Pour le financement de l'AP, l'article 4 du projet de décret dit qu' " une enveloppe de 12 h par semaine et par division est laissée à la disposition des établissements (...). Son utilisation fait l'objet d'une consultation du Conseil pédagogique"..

 

2. La grille horaire de la nouvelle classe de première et terminale générale (mise en œuvre en septembre 2019 pour celle de classe de première, en septembre 2020 pour celle de classe terminale) :

 

 

Enseignements communs Première Terminale
     
 Philosophie   4 H 
 Français  4 H  
 Histoire-géographie  3 H  3 H
 Langue vivante A et B (enveloppe horaire globalisée) (1)  4 H 30  4 H
 Education physique et sportive  2 H  2 H
 Enseignement scientifique  2 H  2 H
 Enseignement moral et civique  0 H 30  0 H 30
 Heures de vie de classe  10 H/an  10 H/an
     
 Enseignements de spécialité 
(trois au choix en première, deux (3) en terminale)
   
     
 Arts (2)   4 H  6 H
 Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques  4 H  6 H
 Humanités, littérature et philosophie  4 H  6 H
 Langue et littérature étrangère  4 H  6 H
 Mathématiques  4 H  6 H
 Numérique et sciences informatiques  4 H  6 H
 Physique-chimie  4 H  6 H
 Sciences de la vie et de la Terre  4 H  6 H
 Biologie-écologie (3)   4 H  6 H
 Sciences de l'ingénieur   4 H  6 H
 Sciences économiques et sociales   4 H  6 H
     
 Accompagnement personnalisé (4)      
 Education au choix de l'orientation  54 H/an  54 H/an
 Heures de vie de classe   10 H/an  10 H/an
     
 Enseignements optionnels
1 enseignement parmi (en première et terminale)
   
     
Langue vivante  3 H 3 H
Langue et civilisation de l'Antiquité : latin  3 H 3 H
Langue et civilisation de l'Antiquité : grec 3 H 3 H
Education physique et sportive 3 H 3 H
Arts (2)  3 H 3 H
Hippologie et équitation (3) 3 H 3 H
Agronomie-économie-territoires (3) 3 H 3 H
     
 1 enseignement parmi (uniquement en terminale) (5) :    
     
Mathématiques complémentaires (6)    3 H
Mathématiques expertes (7)     3 H
Droit et grands enjeux du monde contemporain    3 H
     

(1) Enveloppe globalisée

(2) Au choix, et selon l'offre de l'établissement : arts plastiques ou cinéma-audiovisuel ou danse ou histoire des arts ou musique ou théâtre

(3) Uniquement dans les lycées relevant du Ministère de l'agriculture

(4) Volume horaire déterminé selon les besoins des élèves

(5) Peut se cumuler avec une option du groupe précédent

(6) Pour les élèves ne choisissant pas en terminale la spécialité mathématiques

(7) Pour des élèves ayant choisi en terminale la spécialité mathématiques

  

Quelques observations :

  1. Le choix des deux enseignements de spécialité de classe terminale ne peut se faire que parmi les trois enseignements de spécialité suivis en classe de première. Pour l'examen du baccalauréat, ils donnent lieu à deux épreuves écrites à évaluation externe, passées au printemps, et dont les résultats seront donc pris en compte dans le dossier de candidature en vue du passage dans l'enseignement supérieur. Après ces deux épreuves écrites du baccalauréat, les professeurs des deux enseignements concernés gardent leurs élèves sur les mêmes emplois du temps afin de les préparer à l'épreuve de "grand oral", fondée sur ces deux enseignements.
     
  2. Pour l'accompagnement personnalisé (hors "éducation au choix d'éducation" qui fait l'objet de 54 heures annuelles spécifiques), chaque établissement reçoit une enveloppe globale de 12 heures par semaine et par division. Son usage est défini au sein de l'établissement.
     
  3. La philosophie fait une entrée remarquée en classe de première générale, sous forme d'un enseignement de spécialité mixte puisque combinant "humanités, littérature et philosophie". Il pourra être pris en charge soit par un seul enseignant, soit par une équipe pluridisciplinaire
     
  4. L'enseignement de spécialité "numérique et sciences informatiques" ne correspondant à aucune spécialité actuelle d'enseignement, le recrutement des enseignants qui en seront chargés se fera localement, avec l'aide éventuelle des corps d'inspection. Ce pourra être un seul professeur ou une équipe pluridisciplinaire.
     
  5. On est fort surpris de voir que l'enseignement des "sciences politiques", qui faisait jusque là partie des programmes de "sciences économiques et sociales" (aussi bien dans le programme tronc commun, que dans celui de l'enseignement de spécialité de "sciences sociales et politiques"), soit désormais confié aux professeurs d'histoire-géographie. Il y a manifestement là une preuve de plus de la volonté ministérielle de recentrer l'enseignement des "sciences économiques et sociales" vers une sorte de "noyau dur" fait principalement des seules "sciences économiques". Cette mesure est à mettre en parallèle avec ce que nous écrivons en commentaire de la grille horaire de classe de seconde concernant la volonté de fusionner les enseignements de SES et d'économie-gestion.

3. La grille horaire des nouvelles classes de premières et terminales technologiques (mise en ouvre en septembre 2019 pour les classes de première, en septembre 2020 pour celles de terminale) : 

 

Contrairement à ce qui a été décidé concernant la voie générale, il n'y a pas de suppression des filières dans la voie technologique.

Dans la grille qui suit figurent une grande partie partie des futures filières technologiques dont on note qu'elles conservent leurs appellations actuelles : STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). STHR (sciences et technologies de l'hôtellerie et de la restauration), STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable), STL (sciences et technologies des laboratoires). STMG (sciences et technologies du management et de la gestion), ST2S (sciences et technologies de la santé et du social). Deux autres sont absentes et feront l'objet de textes ultérieurs : les filières STMD (sciences et technologies de la musique et de la danse), et STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant), cette dernière filière technologique n'étant proposée que dans les lycées agricoles.

 

Enseignements communs    Première Terminale
     
 Français  3 H  
 Philosophie     2 H
 Histoire-géographie  1 H 30  1 H 30
 Enseignement moral et civique  0 H 30  0 H 30
 Langues vivantes A et B  (1)   3 H  3 H
 Enseignement technologique en langue vivante (2)  1 H  1 H
 Education physique et sportive   3 H  3 H
     
 Accompagnement personnalisé (3)    
     
 Education au choix de l'orientation  54 H/an  54 H/an
 Heures de vie de classe  10 H/an  10 H/an
     
 Enseignements de spécialités (4)    
     
 STD2A    
Physique-chimie 2 H  
Outils et langages numériques 2 H  
Design et métiers d'art  14 H  
Analyse et méthodes en design   9 H
Conception et création en design et métiers d'art    9 H
Enseignement optionnel au choix du candidat (5)  3 H 3 H
     

STHR

   
Enseignement scientifique/alimentation-environnement  (ESAE) 3 H  
Sciences et technologies culinaires et des services  (STCS) 10 H  
ESAE + SCTS   13 H
Economie et gestion hôtelière 5 H 5 H
 Enseignement optionnel au choix du candidat (5)  3 H 3 H
     
 STI2D    
 Innovation technologique  3 H  
 Ingénierie et développement durable  9 H  
 Ingénierie, innovation et développement durable (6)     12 H
 Physique-chimie et mathématiques   6 H  6 H
 Enseignement optionnel au choix du candidat (5)   3 H  3 H
     
 STL    
 Physique-chimie et mathématiques  5 H  5 H
 Biochimie-biologie  4 H  
Biotechnologie ou Sciences physiques et chimiques en et chimiques en laboratoire (7)     13 H
 Enseignement optionnel au choix du candidat (5)   3 H  3 H
     
 STMG    
 Sciences et gestion du numérique   7 H  
 Management    4 H  
Management, sciences de gestion et numérique (8)    10 H
Droit et économie 4 H 4 H
Enseignement optionnel au choix (5)  3 H 3 H
     
STI2S    
Physique-chimie pour la santé 3 H  
Biologie et physiopathologie 5 H  
Chimie-biologie et physiopathologie humaines   8 H
Sciences et techniques sanitaires et sociales 7 H 8 H
Enseignement optionnel au choix (5) 3 H 3 H
     
Atelier artistique (9)  72 H/an  72 H/an
     

(1) Horaire globalisé

(2) L'enseignement technologique de langue vivante A est pris en charge conjointement par un enseignant d'une discipline technologique, et un enseignant de langue vivante

(3) Volume horaire déterminé selon les besoins des élèves

(4) Les enseignements de spécialités sont spécifiques à chaque filière et sous filière

(5) Au choix de l'élève, et selon l'offre de l'établissement : arts (voir liste dans les grilles horaires précédentes) ou éducation physique et sportive ou langue vivante C (uniquement pour les élèves de la filière STHR)

(6) En STI2D, un enseignement spécifique parmi : architecture et construction; énergies et environnement; innovation technologique et éco-conception; systèmes d'information et numérique

(7) En STL : selon la spécialité choisie par l'élève ("physique et chimie en laboratoire" ou "biotechnologies")

(8) En STMG, un enseignement spécifique parmi : gestion et finance; mercatique (marketing); systèmes d'information de gestion

(9) Selon l'offre de l'établissement, peut être proposé pour toutes les séries technologiques

 

 Quelques observations :

  1. Si toutes les séries technologiques conservent leurs appellations actuelles, plusieurs d'entre elles voient leurs sous spécialités évoluer : la filière STI2D est subdivisée en "architecture et construction"; "énergies et environnement"; "innovation technologique et éco-conception"; "systèmes d'information et numérique"; la filière STMG est subdivisée en "gestion et finance";" mercatique" (marketing); "système d'information de gestion"; la filière STL est subdivisée en "biotechnologies" et "sciences physiques et chimiques en laboratoire" 
     
  2. En voie technologique, l'accompagnement personnalisé n'a pas le même objectif que dans la voie générale. A l'article 4 du projet d'arrêté concernant la voie technologique, il est écrit que "l'AP est destiné à soutenir la capacité d'apprendre et de progresser des élèves, notamment dans leur travail personnel, à amélorer leur compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. En classe terminale, l'AP prend appui prioritairement sur les enseignements de spécialité propres à la série".
     
  3. Comme pour la voie générale, "une enveloppe horaire est laissée à la disposition de l'établissement" (principalement pour la mise en œuvre de l'AP). Il est précisé dans l'article 7 du projet d'arrêté qu' "elle est calculée en divisant le nombre d'élèves prévus au sein de l'établissement à la rentrée dans les classes de première et de terminale des séries technologiques par 29 et en le multipliant par : sept pour la série STMG; dix pour la série ST2S; quatorze pour les séries STD2A, STI2D, STL et STHR"

4. L'article 9 ajoute que "les élèves volontaires peuvent bénéficier de stages de remise à niveau pour éviter un redoublement" ainsi que "de stage passerelles lors des changements de voie d'orientation"
 

5. Disparition très surprenante, en filière STMG, de la spécialité "Communication/ressources humaines". Simple oubli des rédacteurs du projet d'arrêté ou volonté délibérée ? A suivre.

 

Bruno MAGLIULO

Inspecteur d'académie honoraire


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