Séquence 1 : Les genres de l'argumentation au XVIIème siècle

 

Comment le conte délivre-t-il un enseignement moral tout en nous divertissant ?

 

Etude d'une oeuvre Intégrale : La Barbe Bleue de Charles Perrault

Lecture cursive :  Contes de Perrault livre de poche (obligatoire)

 

TEXTE 

Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la Campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderie, et des carrosses tout dorés ; mais par malheur cet homme avait la Barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuît de devant lui. Une de ses Voisines, Dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en Mariage, et lui laissa le choix de celle qu'elle voudrait lui donner. Elles n'en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l'une à l'autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore, c'est qu'il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu'on ne savait ce que ces femmes étaient devenues. La Barbe bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur Mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de Campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la Cadette commença à trouver que le Maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la Ville, le Mariage se conclut. Au bout d'un mois la Barbe bleue dit à sa femme qu'il était obligé de faire un voyage en Province, de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence ; qu'il la priait de se bien divertir pendant son absence, qu'elle fît venir ses bonnes amies, qu'elle les menât à la Campagne si elle voulait, que partout elle fît bonne chère. Voilà, lui dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles, voilà celles de la vaisselle d'or et d'argent qui ne sert pas tous les jours, voilà celles de mes coffres-forts, où est mon or et mon argent, celles des cassettes où sont mes pierreries, et voilà le passe-partout de tous les appartements : Pour cette petite clef-ci, c'est la clef du cabinet au bout de la grande galerie de l'appartement bas : ouvrez tout, allez partout, mais pour ce petit cabinet, je vous défends d'y entrer, et je vous le défends de telle sorte, que s'il vous arrive de l'ouvrir il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère. Elle promit d'observer exactement tout ce qui lui venait d'être ordonné ; et lui, après l'avoir embrassée, il monte dans son carrosse, et part pour son voyage. Les voisines et les bonnes amies n'attendirent pas qu'on les envoyât quérir pour aller chez la jeune Mariée, tant elles avaient d'impatience de voir toutes les richesses de sa Maison, n'ayant osé y venir pendant que le Mari y était, à cause de sa Barbe bleue qui leur faisait peur. Les voilà aussitôt à parcourir les chambres, les cabinets, les gardes-robes, toutes plus belles et plus riches les unes que les autres. Elles montèrent ensuite aux gardes-meubles, où elles ne pouvaient assez admirer le nombre et la beauté des tapisseries, des lits, des sophas, des cabinets, des guéridons, des tables et des miroirs, où l'on se voyait depuis les pieds jusqu'à la tête et dont les bordures, les unes de glaces, les autres d'argent et de vermeil doré, étaient les plus belles et les plus magnifiques qu'on eût jamais vues. Elles ne cessaient d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie, qui cependant ne se divertissait point à voir toutes ces richesses, à cause de l'impatience qu'elle avait d'aller ouvrir le cabinet de l'appartement bas. Elle fut si pressée de sa curiosité, que sans considérer qu'il était malhonnête de quitter sa compagnie, elle y descendit par un petit escalier dérobé, et avec tant de précipitation, qu'elle pensa se rompre le cou deux ou trois fois. Étant arrivée à la porte du cabinet, elle s'y arrêta quelque temps, songeant à la défense que son Mari lui avait faite, et considérant qu'il pourrait lui arriver malheur d'avoir été désobéissante ; mais la tentation était si forte qu'elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet. D'abord elle ne vit rien, parce que les fenêtres étaient fermées ; après quelques moments elle commença à voir que le plancher était tout couvert de sang caillé, et que dans ce sang se miraient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (c'étaient toutes les femmes que la Barbe bleue avait épousées et qu'il avait égorgées l'une après l'autre).
            Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet qu'elle venait de retirer de la serrure lui tomba de la main.
            Après avoir un peu repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta à sa chambre pour se remettre un peu ; mais elle n'en pouvait venir à bout, tant elle était émue. Ayant remarqué que la clef du cabinet était tachée de sang, elle l'essuya deux ou trois fois, mais le sang ne s'en allait point ; elle eut beau la laver et même la frotter avec du sablon et avec du grais, il y demeura toujours du sang, car la clef était Fée, et il n'y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait : quand on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre. La Barbe bleue revint de son voyage dès le soir même, et dit qu'il avait reçu des lettres dans le chemin, qui lui avaient appris que l'affaire pour laquelle il était parti venait d'être terminée à son avantage. Sa femme fit tout ce qu'elle put pour lui témoigner qu'elle était ravie de son prompt retour. Le lendemain il lui redemanda les clefs, et elle les lui donna, mais d'une main si tremblante, qu'il devina sans peine tout ce qui s'était passé. D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est point avec les autres ? Il faut, dit-elle, que je l'aie laissée là-haut sur ma table. Ne manquez pas, dit la Barbe bleue, de me la donner tantôt. Après plusieurs remises, il fallut apporter la clef. La Barbe bleue, l'ayant considérée, dit à sa femme : Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ? Je n'en sais rien, répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort. Vous n'en savez rien, reprit la Barbe bleue, je le sais bien, moi ; vous avez voulu entrer dans le cabinet ! Hé bien, Madame, vous y entrerez, et irez prendre votre place auprès des Dames que vous y avez vues. Elle se jeta aux pieds de son Mari, en pleurant et en lui demandant pardon, avec toutes les marques d'un vrai repentir de n'avoir pas été obéissante.

            Elle aurait attendri un rocher belle et affligée comme elle était ; mais la Barbe bleue avait le coeur plus dur qu'un rocher Il faut mourir Madame, lui dit-il, et tout à l'heure. Puisqu'il faut mourir, répondit-elle, en le regardant les yeux baignés de larmes, donnez-moi un peu de temps pour prier Dieu. Je vous donne un quart d'heure, reprit la Barbe bleue, mais pas un moment davantage.
            Lorsqu'elle fut seule, elle appela sa soeur, et lui dit : Ma soeur Anne (car elle s'appelait ainsi), monte, je te prie, sur le haut de la Tour pour voir si mes frères ne viennent point ; ils m'ont promis qu'ils me viendraient voir aujourd'hui, et si tu les vois, fais-leur signe de se hâter.

            La soeur Anne monta sur le haut de la Tour, et la pauvre affligée lui criait de temps en temps : Anne, ma soeur ne vois-tu rien venir ? Et la soeur Anne lui répondait : Je ne vois rien que le Soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.

            Cependant la Barbe bleue, tenant un grand coutelas à sa main, criait de toute sa force à sa femme : Descends vite ou je monterai là-haut. Encore un moment, s'il vous plaît, lui répondait sa femme ; et aussitôt elle criait tout bas : Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Et la soeur Anne répondait : Je ne vois rien que le Soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie. Descends donc vite, criait la Barbe bleue, ou je monterai là-haut. Je m'en vais, répondait sa femme, et puis elle criait : Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je vois, répondit la soeur Anne, une grosse poussière qui vient de ce côté-ci. Sont ce mes frères ? Hélas ! non, ma soeur, c'est un Troupeau de Moutons. Ne veux-tu pas descendre ? criait la Barbe bleue. Encore un moment, répondait sa femme ; et puis elle criait : Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je vois, répondit-elle, deux Cavaliers qui viennent de ce côté-ci, mais ils sont bien loin encore : Dieu soit loué, s'écria-t-elle un moment après, ce sont mes frères, je leur fais signe tant que je puis de se hâter. La Barbe bleue se mit à crier si fort que toute la maison en trembla. La pauvre femme descendit, et alla se jeter à ses pieds toute épleurée et toute échevelée. Cela ne sert de rien, dit la Barbe bleue, il faut mourir, puis la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre levant le coutelas en l'air, il allait lui abattre la tête. La pauvre femme se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux mourants, le pria de lui donner un petit moment pour se recueillir. Non, non, dit-il, recommande-toi bien à Dieu ; et levant son bras... Dans ce moment on heurta si fort à la porte, que la Barbe bleue s'arrêta tout court : on ouvrit, et aussitôt on vit entrer deux Cavaliers, qui mettant l'épée à la main, coururent droit à la Barbe bleue. Il reconnut que c'était les frères de sa femme, l'un Dragon et l'autre Mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt pour se sauver ; mais les deux frères le poursuivirent de si près, qu'ils l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron. Ils lui passèrent leur épée au travers du corps, et le laissèrent mort. La pauvre femme était presque aussi morte que son Mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser ses Frères.
            Il se trouva que la Barbe bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses biens.

            Elle en employa une grande partie à marier sa soeur Anne avec un jeune Gentilhomme, dont elle était aimée depuis longtemps ; une autre partie à acheter des Charges de Capitaine à ses deux frères ; et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec la Barbe bleue.

MORALITÉ

La curiosité malgré tous ses attraits, coûte souvent bien des regrets ;

On en voit tous les jours mille exemples paraître.

c'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien léger ;

Dès qu'on le prend il cesse d'être, Et toujours il coûte trop cher.

AUTRE MORALITÉ

Pour peu qu'on ait l'esprit sensé,

Et que du Monde on sache le grimoire,

On voit bientôt que cette histoire est un conte du temps passé ;

Il n'est plus d'Époux si terrible,

Ni qui demande impossible,

Fût-il malcontent et jaloux.

Près de sa femme on le voit filer doux ;

Et de quelque couleur que sa barbe puisse être,

On a peine à juger qui des deux est le maître.

 

Séance 1 : le contexte historique

Réalisation d'une frise chronologique, littéraire  et historique

1589-1610	Règne d'Henri IV.
1610-1643 :	Règne de Louis XIII.
1610-1614	Régence de Marie de Médicis
1617	Concini, un comte italien promu Maréchal de France et conseiller d'état par Marie de Medicis et qui cautionne la volonté de la reine de se rapprocher de l'Espagne, est assassiné sur ordre du jeune Louis XIII en entrant au Louvres.
	Son épouse est décapitée et brulée en place de Grève.
1624	: le cardinal de Richelieu est Premier ministre.
	Il veut restaurer l'autorité du roi, affirmer la force de l'état et faire de la France le pays le plus puissant et le plus repecté den Europe.
	il faut réduire l'importance prise à l'intérieur du royaume par les protestants qui constituent, selon Richelieu, "un état dans létat"
1628	le 28 octobre, la place' forte protestante de La Rochelle, soutenue par les Anglais et assiègée depuis 1627 par Richelieu capitule. Sur 28000 habitants, il n'y a que 5500 survivants.
1635:	Fondation de l'Academie francaise.
	Litterature			1636	Corneille : Le Cid
				1637	Descartes : Discours de la Méthode
				1640	Corneille : Horace
				1642	Corneille : Polyeucte
1643-1715 :	Règne de Louis XIV
1643-1661	Régence d'Anne d'Autriche
1648-1652 :	Fronde parlementaire.
	Depuis 1648, la révolte gronde contre le pouvoir conjoint de Mazarin et Anne d'Autriche. Cette révolte que l'on nomme "la Fronde" a d'abord été conduite par le parlement qui n'accepte pas les augmentations d'impots décidés par Mazarin.
	C'est ensuite la "Fronde des Princes" conduit par Condé et Gondi. ils estiment que leurs ambitions personnelles ne peuvent se réaliser tant qu'Anne d'Autriche fait confiance à Mazarin.
1653 :	Fin de la Fronde.
1665 :	Colbert nomme contrôleur général des Finances.
	Poursuivant la politique économique amorcé par Laffemas, Colbert désire lui aussi exporter beaucoup et importer peu.
	Pour ce faire il recrute à l'étranger et à prix d'or les meilleurs spécialistes et utilise leur savoir-faire dans les manufactures qu'il crée et soutient financièrement.
1682	Le roi Louis XIV et sa cour emménagent au château de Versailles au grand désespoir de Colbert qui doit financer l'entreprise démesurer par rapport au budget dont il dispose
1685 :	Revocation de l'Edit de Nantes : c'est l'exode en masse des protestants.
	Litterature			1659	Molière : Les précieuses ridicules
				1662	Molière : L'école des femmes
				1664	La rochefoucauld : maximes
				1666	Molière : Le misanthrope
				1667	Racine : Andromaque
				1668	Pascal : Pensées
					La fontaine : Fables
				1670	Bossuet : Oraisons Funèbre de madame
					Racine : Bérénice
				1673	Molière : Le malade imaginaire
				1677	Racine :Phèdre
				1678	Mme de la fayette : La princesse de Clèves
				1688	La bruyère : Caractères

 

Séance 2 : Etude d'une oeuvre intégrale : la Barbe Bleue de Perrault

Etude de l'incipit 

Rappel des spécificités de l'incipit, les étapes du schéma narratif

 

Quelles sont les fonctions d’un incipit d’un conte de fées ?

-        Cadre Spatio Temporel

-        Description des personnages

-        Siècle

-        Mise en évidence du schéma narratif.

 

Rappel : Le schéma narratif

-       Situation Initiale

-        Elément déclencheur ou perturbateur

-       Péripéties

-       Eléments de résolution

-       Situation finale

Incipit de conte de fées ?

Formule traditionnelle «  Il était une fois »

Cadre spatial : ville campagne

Cadre opulent (richesse)

Date d’écriture XVIIème  Siècle

Opposition entre « ville » et « province »

Cadre temporel indéterminé, flou

 

Description des personnages.

Personnage éponyme = Barbe bleue

Barbe bleue :

Ø  Laid (physique)

Ø  Terrible (physique et moral)

Ø  Barbe bleue (portrait physique)

Ø  Riche

Ø  « Fort honnête homme » [De. En XVII un honnête homme c’est une personne qui sait briller dans la société, c’est-à-dire qu’il veut plaire, séduire, utilise des méthodes raffiné et possède une culture générale étendue afin de faire preuve d’aisance dans la société.

 

Ø  Généreux

Remarque : l'expression "un fort honnête homme" évoque le modèle de l'homme parfait élaboré au XVIIè s. Cette évocation hyperbolique pourrait être ironique quand on sait ce qui se passe plus tard.

Une tonalité merveilleuse ?

Ø  Couleur de la barbe

Ø  Insistance sur le côté effrayant du personnage (intensif si)

Ø  Accumulation d’éléments de richesse (vaisselle d’or et d’argent, meubles en broderies et château 

Ø  La formule « il était une fois »

 

Synthèse

Cet incipit présente les caractéristiques d'un conte merveilleux : le récit est simple et clairement construit sur la base du schéma narratif, le cadre spatio temporel réduit à l'essentiel reste flou, les personnages sont sommairement décrits.    

La Barbe Bleue qui incarne une figure d'ogre assure la présence du merveilleux.                                    

Le début du conte revient avec insistance sur les richesses de la Barbe Bleue. En effet, on trouve trois descriptions de ses biens sous la forme d'une énumération  de termes au pluriel, ce qui produit une impression de profusion. La liste des richesses est renforcée par le champ lexical des matériaux précieux "or" "dorés" "argent" "pierreries". 

 

Séance 3 : Les péripéties

Quels sont les ressorts dramatiques du conte ?

 

Le mot dramatique vient du grec drama qui signifie "action". Il désigne dans un premier temps la représentation théâtrale et pas extension concerne l'action d'une oeuvre littéraire c'est-à-dire la succession de péripéties.  Le lecteur est maintenu dans un état d'incertitude ou d'attente. L’adjectif dramatique peut aussi désigner un événement tragique, émouvant, triste.

 

Comment le conteur tient-il le lecteur en haleine ?

- Beaucoup de connecteurs (logiques, temporels, spatiaux)

- Le narrateur est omniscient mais parfois on repère un point de vue interne : un personnage de l'histoire (3è pers) suivi d'un verbe de perception (elle vit)

- Il y a une ponctuation forte

- La tonalité est le merveilleux : clé fée

- Plusieurs éléments perturbateurs : mariage, faux départ, ouverture du cabinet

- Le temps employé est le passé simple à valeur de premier plan : enchaînement d'actions brèves.

- Paroles rapportées au style direct qui viennent couper le discours narratif

- Champ lexical de la mort, peur

- Monstruosité et aspect terrifiant de l'ogre

- Vocabulaire qui exprime la hâte

- Phrases brèves juxtaposées

- Connecteurs d'addition "et" ; adversatif " mais" ; temporels qui soulignent la progression de l'action

- Parenthèses : commentaire explicatif du narrateur

- Forme emphatique : "c'était les femmes que", insistance sur les femmes victimes

Synthèse

Le conteur donne du rythme au récit. En effet, on peut relever les nombreux verbes au passé simple « fut pressée, descendit » qui indiquent des actions brèves et confèrent au récit un effet de rapidité. De même, les actions s’enchainent comme le soulignent les phrases juxtaposées « elle ramassa la clé, referma la porte et monta à sa chambre ».

De plus, on peut remarquer un vocabulaire qui exprime la hâte « si pressée » renforcé par l’utilisation d’adverbe d’intensité « si ». La présence de connecteurs temporels mettent en évidence la progression de l’action tels que « d’abord, après ». Enfin, les paroles rapportées au style direct créent un effet de vivacité qui vient rompre la monotonie de la narration.

 

La tension de la narration est accentuée par le vocabulaire à connotation morbide « égorgées » « mourir de peur » et le champ lexical (isotopie) de la peur « mains tremblantes » « plus pâle que la mort ». le lecteur peut s’identifier à l’héroïne par le biais d’un changement de point de vue ; en effet, il découvre la scène au point de vue interne comme le souligne la présence du verbe de perception « vit ». les couleurs dominantes sont le rouge et le noir apportant une touche fantastique puisque le lecteur bascule du réel vers l’irréel. Cependant, le conte reste teinté d’une tonalité merveilleuse du fait de la présence de la clé fée.

De plus, ce récit est ponctué de différents éléments perturbateurs : l ‘ouverture du cabinet, « ouvrit en tremblant », la chute de la clé dans le sang et l’impossibilité de la nettoyer « elle eut beau la laver » , le retour inopiné de Barbe Bleue « dès le soir même ».

Ainsi, le conteur tient le lecteur en haleine par un récit rythmé et l’élaboration d’une tension dramatique qui suscite la curiosité. 

 

Séance 4 : les illustrations de Gustave Doré

Biographies de Charles Perrault et Gustave Doré : après recherche individuelle mise en commun des résultats obtenus

Perrault :

1628 – 1703

1799 : contes de ma mère l’oie

des contes en vers Griselidis, Peau d’âne, les souhaits ridicules 1694

des contes en prose 

issu d’un milieu bourgeois, le cadet d’une famille de 7 enfants, il perd son frère jumeau à 6 mois

collège et études de droit : érudit, devient avocat au barreau

une carrière littéraire et politique

Elu en 1671 élu à l’Académie française

Disgracié par Colbert en 1682

1688 1697 : Querelle des Anciens et des Modernes : oppose les partisans d’une nouvelle source d’inspiration plus contemporaine, à ceux qui prônent l’imitation des auteurs antiques (La Fontaine, Boileau, Racine)

diverses œuvres : la poésie galante, (poésie amoureuse), des textes religieux, des écrits précieux, Apologie de la femme

à la mort de sa femme il s’occupe de ses enfants et s’intéressent au conte

 

Gustave Doré :

 

1832 (XIXè s) né à Strasbourg, caricaturiste dès l’âge de 5 ans, illustrateur, peintre, sculpteur, graveur  (BD)

1^er album « les travaux d’Hercule »

engagé comme caricaturiste

1849 mort de son père, doit subvenir aux besoins de sa famille

s’installe à Paris

1851 : sculpteur dont des sculptures religieuses

il illustre la Bible 1866

        En 1854, il illustre l'édition des oeuvres de Rabelais de Joseph Bry. Cette date marque le début de la grande carrière de Gustave Doré en tant qu'illustrateur, réputation dont il ne parviendra pas à se départir malgré ses ambitions de peintre et la seule que la postérité du grand public ait vraiment conservé.
        En 1855 : illustration des Contes drolatiques de Balzac
        En 1857 :  illustration des Nouveaux contes de fées de la Comtesse de Ségur
        De 1861 à 1868, il illustre La divine comédie de Dante
        En 1862 ;  illustration des Contes de Perrault
        En 1863 :  illustration de Don Quichotte de Cervantès
        En 1866 :  illustration de La Bible ; Le Capitaine de Théophile Gautier
        En 1867 :  illustration des fables de La Fontaine ; Les travailleurs de la mer  de Victor

Entre 1852 et 1883, Gustave doré illustre plus de 120 œuvres  d'auteurs français mais aussi étrangers, tel Byron, Bürger, Coleridge et  Henry Blanc, dans son catalogue de l'œuvre  complète de Gustave Doré, répertorie pas moins de 9850 illustrations, 133 peintures, 455 sculptures et 283 aquarelles, entre autres. 

1881 : il perd sa mère

1883 : mort de Gustave Doré, crise cardiaque

 

Comment le dessinateur transpose-t-il la Barbe bleue ? le dessin se révèle-t-il fidèle au récit ?

"Au premier premier plan, on remarque la femme de Barbe Bleue. Elle est exposée à la lumière tandis que, Barbe Bleue est situé dans l'ombre. Cela créée un contraste entre les deux protagonistes (le Bien et le Mal). 

La femme à l'air soumise à son mari. Elle à l'air curieuse et son regard est fixé sur la clé. Elle tend les mains vers les clés. Son regard nous montre son impatience.

La première chose qui interpelle le spectateur est le regard menaçant, intimidant et effrayant de Barbe Bleue. Il fixe sa femme tandis qu'elle,n'ose pas affronter son regard. Il lève le doigt en guise d'avertissement.Son portrait physique large, bourru et très barbu rappelle l'aspect d'ogre que Perrault voulait évoquer au lecteur. Cette tonalité merveilleuse mais à la foi pesante et effrayante intimide le spectateur et met en place une sorte de tension vis à vis de ce dernier."

 

Présence de rideaux en arrière plan : théâtralisation de l’illustration, mise en scène

ancrage de l’illustration dans la réalité aristocratique du XVIIè s : mais une gravure en clair obscur qui met en évidence la femme

 

séance 5 : Le dénouement du conte en prose

le dénouement du conte –quelle est la finalité du récit ?

 

1.  Un récit captivant

§  Insertion de dialogues, de paroles rapportées dans la narration au style direct:

" Il faut mourir Madame" } procure un aspect vivant au récit

§  Présence de nombreuses phrases interrogatives:

" Ne vois-tu pas ?" } crée un effet d'attente

§  Enchainement  de verbes d'action , de mouvement :

"s'enfuit", " poursuivirent", "attrapèrent" } accélère le rythme du récit

§  Présence de phrase injonctives :

" Je vous défends d'y entrer " } stimule la curiosité du lecteur et l'incite a poursuivre sa lecture

§  La notion de temps est rallongée , les évènements sont retardés grâce a la présence de l'isotopie de la durée  :

" Un demi quart d 'heure ", "encore un moment ", " un petit moment" } crée un retardement dans l'enchainement des action et exacerbe le suspense

§  Changement de point de  vue, qui passe d'un point de vue omniscient à un point de vue interne :

"elle vit" } implique un peu plus le lecteur dans le récit qui peut ainsi s'identifier au personnage

 

2.  Une leçon de morale

§  Mise en avant de l'un des défauts de la société, qui ici n'est autre que la curiosité en travers du champ lexical de la hâte :

"Impatience", "pressée"," précipitation"

§  Ce défaut est tellement exacerber qu'il fait oublier a l'héroïne son éducation et ses bonnes manières comme nous le prouve les expressions :

" Sans considérée qu'il était malhonnête de quitte sa compagnie " , " désobéissante"

§  Exagération des clichés sur les femmes, qui dans le récit sont décrites comme étant cupides : " tant elle avaient d'impatience de voir toutes les richesses " 

      Inquisitrices : " elle fut si pressée de sa curiosité "

      Et jalouses  : " elles ne cessaient d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie "

§  Dénonciation des faux semblants de la société, en travers du personnage de barbe bleue qui parait au début être un modèle de l'honnête homme, mais qui se révèle n'être qu'un meurtrier :

"  Qu'il avait égorgées les une après les autre"

§  Symbolisation de la tentation et du vice par le personnage de Barbe Bleue, qui  premièrement s'efforce d' éveiller la curiosité de sa femme et deuxièmement en la laissant  s'enfoncer dans la peur et l'angoisse qu'a fait émerger en elle sa récente découverte :

"Qu'il devina sans peine tout ce qui s'était passé"

§   Les gentils gagnent :

" Lui fit oublier le souvenir de barbe bleue "

 

Séance 6 : les moralités en vers

 

Une leçon morale

Tout au long du texte on voit que, la curiosité on ne la contrôle pas, bien qu’un « vilain défaut » elle nous permet, parfois, de découvrir un fait important dans la vie d’un personnage/d’une personne.

Ici, la curiosité de la jeune femme l’a menée à découvrir le plus grand secret de son mari, les meurtres de ses précédentes femmes. Si elle n’avait pas découvert ce secret, elle aurait sûrement passé le reste de sa vie dans les bras d’un meurtrier.

 

Explication de la morale

Perrault a, dans ce conte, ajouté une deuxième morale, la première étant plus claire que la seconde.

1er morale : Elle reconstitue un principe enseigné aux enfants « la curiosité est un vilain défaut », une condamnation de la curiosité.

Extrait : « La curiosité, malgré tous ses attraits,

Coûte souvent bien des regrets »

2nd morale : On remarque qu’en la lisant, on pourrait penser à un poème, notamment par les rimes.

Extrait : « Et que du monde on sache le grimoire,

On voit bientôt que cette histoire »

Perrault, semble ici expliquer le comportement de Barbe Bleue, l’autorité masculine au profit de la femme.

« Il n’est plus d’époux si terrible,

Ni qui demande l’impossible,

Fût-il malcontent et jaloux.

Près de sa femme on le voit filer doux ;

Et, de quelque couleur que sa barbe puisse être,

On a peine à juger qui des deux est le maître. »

 

Séance 7 : Bilan de séquence

 

 

Rédacteur : Madame Alves

Date de création : 06/09/2017 º 17:34

Dernière modification : 01/10/2018 º 21:59

Catégorie : Secondes

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